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Lettre ouverte des Guarani et Kaiowá à la population brésilienne au gouvernement national et à toute l'humanité

Lettre ouverte des Guarani et Kaiowá à la population brésilienne au gouvernement national et à toute l'humanité

Photo: SA Percurso da Cultura/Flickr

*** Vous aussi, participez à la cyberaction internationale : #‎IamGuaraniKaiowa, en posant avec ce slogan et en postant votre photo ici ***

Introduction par Gert-Peter Bruch, président de Planète Amazone - 45 000 indigènes victimes de lent génocide en raison de l'accaparement de leurs terres par des grands propriétaires terriens avides et auteurs de nombreux crimes contre l'humanité à leur encontre ont lancé récemment un S.O.S. désespéré, celui de la dernière chance.

Ils revendiquent 39 terres indigènes dans l'Etat du Mato do Sul, dont 22 sont déjà au dernier stade du processus légal d'homologation. En refusant de signer, sous la pression des mêmes grands propriétaires les décrets présidentiels de ces terres, comme l'y oblige pourtant la Constitution de 1988 "dans un délai de 5 ans", la Présidente Dilma Rousseff attise les conflits fonciers et se rend complice des crimes commis contre le peuple Guarani-Kaiowá. Près de 300 chefs de ce peuple ont été assassinés depuis 2003. Des enfants sont écrasés volontairement par des pick-ups, des villages brulés, des femmes et enfants violés, leurs rivières empoisonnées... Tout cela "au nom du Dieu Ethanol", produit à partir de la canne à sucre, comme le rappelle l'acteur Pierre Richard.

La cyberaction #IamGuaraniKaiowa ("je suis Guarani-Kaiowá") a pour but d'exiger la fin de l'impunité des assassins et génocideurs de tous bords et la fin du silence sur cette terrible tragédie, à peine relayée par une poignée de médias. Cette action vise à faire pression sur la présidente Dilma Rousseff afin que soient signés immédiatement les décrets des 22 terres indigènes Guarani-Kaiowa et accéléré le processus d'homologation des 17 autres terres. C'est seulement ainsi que le peuple Guarani-Kaiowá pourra enfin vivre en paix sur ses terres restituées, que sa vie ne sera plus ponctuée de larmes et de cris de douleur, mais de rires et de fêtes traditionnelles. C'est seulement ainsi que la forêt et le cerrado ravagés retrouveront leur splendeur d'antan.

Sachez pour finir que non seulement les autorités brésiliennes ne semblent pas vouloir oeuvrer pour mettre fin à cette situation de guerre qui devrait leur faire honte, mais que le ministre de la justice Eduardo Cardoso s'est dit prêt à utiliser la force pour déloger des Guarani-Kaiowá de certaines terres de l'Etat du Mato Grosso do Sul qui, selon lui, « n'ont jamais appartenu à un indien ». Dans la lignée de celle de Lula da Silva, l'administration de la présidente Dilma Rousseff laisse pourir la situation depuis des années et perdurer un climat de tension explosif dans la région. Immobilisme coupable et même meurtrier. Lorsqu'un récent jugement partial du juge fédéral Fábio Kaiut Nunes - qu'on dit très proche de Farmasul (la fédération des planteurs de canne à sucre de l'Etat du Mato Grosso do Sul) ordonne l'expulsion des Guarani-Kaiowás dans 7 des 39 terres qu'ils revendiquent, la chef de l'Etat connait parfaitement la suite du scénario. Comme de nombreux précédents l'ont prouvé, dès qu'un avis d'expulsion est émis, les "fazendeiros" (exploitants agricoles) s'activent dans la plupart des cas pour se faire justice eux-mêmes, enrôlant des milices ultra-violentes lourdement armées qui n'hésitent pas à détruire des villages ou campements indigènes par le feu, piller, violer et même tuer. En attendant l'arrivée prochaine des "pistoleros" (hommes armés), les Guarani-Kaiowâ se préparent à mourir. Par la voix de Valdelice Veron, récemment de passage en Europe (pour la première fois), les Guarani-Kaiowá ont averti qu'ils n'accepteraient pas comme en 2001 et 2003 d'être arrachés à leurs terres pour être jetés sauvagement aux abords des routes de la région. "Il faudra nous tuer tous mais nous ne bougeront pas", ont-ils déclaré avec détermination.

Maintenant que nous savons, si nous ne faisons rien, nous aurons sur les mains le sang des Guarani-Kaiowá. On les dit abandonnés de tous. Nous appelons chacun de vous à faire mentir ce constat glaçant et à prouver, par une mobilisation forte et déterminée, que si l'humanité a encore une âme, celle-ci réside dans le coeur des peuples, des citoyens d'un même monde, prêts à s'unir au-delà des frontières face à un tel cas de conscience. Si celle-ci fait malheureusement défaut à ceux qui les représentent, n'oublions jamais le pouvoir qui est le nôtre de nous faire entendre et de faire trembler ceux qui s'obstinent à faire la sourde oreille. Quant à ceux qui s'attaquent au peuple Guarani-Kaiowa, comme à toute autre minorité, nous devons, pour qu'ils cessent à jamais, leur démontrer qu'ainsi faisant ils offensent tous les peuples d'une même Terre et donc l'humanité toute entière.

LES CITOYENS DU MONDE PEUVENT CONTRIBUER À BRISER LE SILENCE HONTEUX DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE SUR CETTE TRAGÉDIE DIGNE D’UN AUTRE ÂGE.

Merci de participer nombreux à la cyberaction urgente #IamGuaraniKaiowa et de partager cette publication. 

 


 

Lettre ouverte des Guarani et Kaiowá à la population brésilienne au gouvernement national et à toute l'humanité

Nous, peuples Guarani et Kaiowá, sommes très inquiets et souffrons énormément suite aux décisions judiciaires récentes de la Cour fédérale du Mato Grosso do Sul. Il s’agit d’injonctions favorables à la réintégration des propriétaires fonciers, décisions hostiles à notre lutte pour la reprise des terres traditionnelles desquelles nous avons été chassés il y a quelques décennies. Nous avons décidé de reprendre nos Tekoha - selon l’appellation que nous donnons à ces lieux – pour faire vivre notre système juridique originel et notre mode de vie traditionnel, mais aussi pour faire respecter les lettres de la Constitution fédérale brésilienne de 1988 et celles de la Convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail.

La mise en exécution – imminente - de ces injonctions judiciaires contre plusieurs de nos communautés va affecter des centaines de familles, composées, principalement, d’enfants, de femmes et de personnes âgées. Celles-ci doivent être expulsées de nos terres traditionnelles par la police pour être déchargées au bord des routes ou dans des réserves indiennes surpeuplées. Quel que soit le sort de chaque communauté expulsée, nous allons certainement continuer à affronter les plus grandes difficultés, la violation de nos droits fondamentaux et à assister à l’assassinat de nos proches. Nous considérons que ces actes font partie de la stratégie de l’Etat brésilien et des élites ruralistes de la société nationale pour nous exterminer par un autre génocide. Cependant, nous sommes des guerriers et des guerrières, nous sommes donc prêts à résister pour démarquer chaque Tekoha avec notre propre sang.

On trouvera ci-dessous des renseignements sur quelques-uns des procès impliquant les zones de reprise des terres traditionnelles. On manque encore d'informations sur certaines procédures toujours en cours dans la Justice fédérale.

 

1) Tekoha Kurusu Amba, municipalité de Coronel Sapucaia / MS

- Procédure 0002459-89.2014.4.03.6005

Description: le 13/07/2015 à 10:58 h – Procès conclu, mandat d’exécution délivré

Complément : Réintégration de possession

- AFFAIRE 0000133-25.2015.4.03.6005

Description: le 13/07/2015 10:55 h - Procès conclu, mandat d’exécution délivré

2) Tekoha Guaiviry, municipalité d'Aral Moreira / MS

-Procédure :001348-36.2015.4.03.6005

Description: Le 13/07/2015 à 10:57 h- Procès conclu, mandat d’exécution délivré

Complément : Réintégration de possession

- AFFAIRE 0001375-19.2015.4.03.6005

Description: le 14/07/2015 14:34 h - Procès conclu, mandat d’exécution délivré

Type Complément : Fazenda Agua Branca

- AFFAIRE 0001388-18.2015.4.03.6005

Description: le 14/07/2015 14:39 h - Procès conclu, mandat d’exécution délivré

Complément : Fazenda Querencia

3) Tekoha Uvera ("Curral do Arame"), Dourados / MS

- AFFAIRE 0002289-34.2011.4.03.6002

Actes en phase finale chez le juge le 07/01/2015 pour envoi et décision.

 

Face à ces informations, nous réaffirmons être en accord avec toutes les notes publiques d’Aty Guasu (notre grande assemblée), largement diffusées par nous et par nos défenseurs dans les réseaux sociaux et une partie de la presse nationale et internationale. Grand merci aussi à toutes les expressions de soutien que nous avons reçues, aux motions émanant de syndicats, d associations scientifiques, d’étudiants en graduation et en post-graduation, etc.

Nous voulons aussi annoncer publiquement dans ce document que nous pouvons être massacrés à tout moment par la police, mais également par des bandits armés à la solde des grands propriétaires fonciers. Si cela devait se produire, nous défendrions nos territoires et la vie de nos familles, en d’autres termes, nous sommes prêts à résister dans nos Tekohas jusqu’à la mort du dernier de nos guerriers, de la dernière de nos guerrières. Notre décision est irréversible parce que nous ne pouvons plus supporter la politique colonialiste du gouvernement fédéral dirigé par Mme Dilma Rousseff, la lenteur et la partialité du système judiciaire, le manquement à sa parole dont s’est rendu coupable le ministre de la Justice, José Eduardo Cardozo, les attaques récurrentes du groupe ruraliste qui essaye par tous les moyens d’amputer nos droits constitutionnels, l'image négative qu’une partie de la presse renvoie de nous, entre autres choses.

En mourant comme des guerriers et des guerrières pour nos Tekoha, nous exprimons le désir d’y être enterrés comme le veut notre tradition.

Pour tout cela, nous demandons de l'aide et nous appelons au secours tous les honnêtes gens qui liront ce papier.

Mato Grosso do Sul (Brésil),

4 Août 2015.

Peuple Guarani et Kaiowa

Date de l'article : 07/08/2015

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