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Déforestation : le Brésil serait-il schizophrène ?

Déforestation : le Brésil serait-il schizophrène ?

Fin 2010, le Brésil annonçait fièrement que la déforestation de la forêt amazonienne connaissait un net recul : une baisse de 14% entre 2009 et 2010 par rapport à l’année précédente, ce qui représente le plus bas niveau depuis 1988. Le Brésil abritant environ 60% de la forêt amazonienne, cette nouvelle redonnait un peu d’espoir à la veille de l’Année Internationale des Forêts.

Début 2011, la situation est inversée et cette fois-ci c’est une recrudescence de la destruction de la forêt amazonienne qui est constatée. On comptabilise 593 km² de forêt dévastée entre mars et avril 2011 soit une surface six fois plus importante que lors de la même période en 2010. Devant cet état de fait et voulant toujours affirmer sa préoccupation face à ce désastre, la ministre brésilienne de l’Environnement, Izabella Teixeira, a fait part le 18 mai dernier de la création d’un centre de crise contre la déforestation du joyau vert du Brésil. Ce centre devra réunir des experts du gouvernement fédéral et du ministère de l’Environnement ainsi que des représentants des Etats les plus touchés par ce phénomène. Selon Izabella Teixeira, le but est « d'étouffer la déforestation » d’ici juillet 2011.

Mais voilà, à côté de cet effet d’annonce, il s’avère qu’une mesure est en train d’envenimer encore davantage la déforestation. En effet, après deux ans de discussions acharnées, les députés ont approuvé le 24 mai la révision du code forestier datant de 1965. Initialement ce code visait à limiter l’usage agricole des terres et à protéger quelques zones sensibles telles que les collines ou les rives des fleuves. Mais voilà, comme toujours le lobby agricole brésilien a eu le dernier mot. Le nouveau code fait la part belle aux exploitants illégaux de la forêt en légalisant les zones illégalement déboisées jusqu’en 2008. De plus, certaines zones sensibles ne seront plus protégées des exploitations agricoles. Selon l’un des représentants de Greenpeace au Brésil, Marcio Astrini, l’un des effets pervers de cette révision est que « les paysans se dépêchent de déboiser à tout va en espérant pouvoir compter sur une amnistie ou parce qu’ils comptent bien voir la réglementation s’assouplir »

Tout n’est pas encore joué car c’est maintenant au tour des sénateurs d’approuver cette nouvelle législation. Néanmoins, le Brésil nous a déjà démontré que les intérêts financiers et les puissants lobbies ont plus d’importance que la préservation de sa richesse biologique et culturelle.

Date de l'article : 03/06/2011

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