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VIDÉO : réactions du chef MEGARON TXUCARRAMÃE, démis de la FUNAI, et de RAONI

VIDÉO : réactions du chef MEGARON TXUCARRAMÃE, démis de la FUNAI, et de RAONI

Raoni brûlant la lettre officielle d'éviction de son neveu Megaron du poste de coordinateur local de la FUNAI

Cette vidéo a été tournée le 1er novembre 2011 par une équipe brésilienne, alors que Megaron TXCUCARRAMÃE, l'un des chefs Kayyapo les plus respectés avec Raoni (dont il est le neveu), venait de constater, par une parution au Journal Officiel, sa révocation du poste de coordinateur régional de Colider de La FUNAI (Fondation National de l'Indien, organisme gouvernemental censé protéger les populations indigènes).

Fou de rage, le Cacique Raoni réagit de façon virulente dans cette vidéo, interpellant le président de la FUNAI Marcio Meira, brûlant le document officiel annonçant la révocation de Megaron et menaçant d'envoyer une importante délégation de guerriers Kayapos à Brasilia pour se battre si la lettre qu'il a fait parvenir au Ministre de la justice échoue à faire infléchir cette décision scandaleuse. Ce document est reproduit ici dans son intégralité, ainsi qu'un autre courrier adressé par Raoni et sa communauté à Marcio Meira.

MEGARON TXUCARRAMÃE, démis de son poste de coordinateur régional de la ville de Colider par la FUNAI.

A deux jours de l'évacuation menaçante des manifestants du chantier de Belo Monte (voir article), cette éviction non motivée est vécue par les populations indigènes comme un suprême affront.

 

Lettre des leaders et de la communauté Mebengokré


Cher monsieur José Eduardo Cardozo, Ministre de la Justice,


Nous vous saluons cordialement et vous informons être très surpris par l'Arrêté n°55 de la Funai, daté du 28/10/2011, qui a démis Monsieur Megaron Txucarramãe de sa fonction de Coordinateur régional de Colider-MT. En conséquence, nous sommes révoltés, indignés et nous répudions cet arrêté, cette décision dont les motifs n'ont pas été exposés, ladite personne n'ayant commis aucun acte de caractère illégal inscrit dans la Constitution Fédérale.
 
Nous vous rappelons que Monsieur Megaron Txucarramae, en exercice de ses fonctions comme Coordinateur Régional,  a, dés la création de la Coordination Régionale de la Funai dans la ville de Colider-MT, offert une assistance auprès de  nous-même, le peuple indigène  Mebengokré, et auprès d'autres ethnies telles que les Panara, Kaiabi, Apiaka, Tapayuna, Juruna, Trumai, Terena et Guarani. Cette assistance a pris diverses formes : appui juridique avec le concours de la Coordination Régionale, préservation, conservation et protection territoriale et environnementale de nos terres et des ressources naturelles existantes face aux invasions des bucherons et chercheurs d'or et aux nombreuses autres menaces qui planent sur les territoires indigènes. Rappelons aussi que Monsieur Megaron Txucarramãe est un fonctionnaire de carrière de la Funai depuis 1971.

Nous vous rappelons aussi que celui-ci a lutté de nombreuses années pour notre respect, nous, peuples indigènes, celui de notre culture et de notre terre, celui de nos droits, garantis par la Constitution Fédérale de 1988 dans l'article 231 et 232 et par plusieurs législations internationales dont le Brésil est signataire. Pour ce motif, nous considérons ce licenciement comme une persécution politique et un acte de déstabilisation envers l'unité et la confiance dont il jouit avec notre peuple.

Nous soulignons qu'au cas ou cet arrêté serait maintenu, il serait difficile d'empêcher ou contrôler l'esprit des communautés indigènes, actuellement réunies pour manifester leur soutien à notre leader Mégaron Txucarramãe et demander qu'il soit rétabli dans ses fonctions de coordinateur, qu'il a toujours assuré avec dignité et honnêteté, sa conduite professionnelle et morale ayant toujours été irréprochable.  

En conclusion, nous exigeons que l'Arrêté n°55 de la Funai, daté du 28/10/2011, soit abrogé dans un délai de 10 jours, afin que Monsieur Mégaron Txucarramãe puisse continuer à exercer ses fonctions de Coordinateur Régional de Colider-MT. C'est ce que nous voulons nous, peuple Mebengokré.

 


 

 

Lettre de rejet contre le président de la FUNAI, Márcio Meira.



Nous, peuple Mebengokre (Kayapo), rejetons publiquement l'ordonnance de la FUNAI / DPDS n°55, publiée le 28 Octobre 2011, qui a congédié M. Megaron Txucarramãe de son poste de Coordonnateur régional de la FUNAI à Colider-MT.

Etant donné que la Funai ne présente aucun motif pour cette mesure extrême, nous, les Indiens dirigé par le chef Raoni, estimons qu'il n'y a aucune justification à cette décision, que nous considérons comme arbitraire et contraire aux principes de l'Etat démocratique. Megaron Txucarramãe se bat depuis des décennies pour la défense de son peuple, d'une manière digne, sans jamais avoir commis aucune illégalité et en ayant toujours respecté la Constitution fédérale.

Nous vous rappelons que M. Txucarramãe Megaron, dans l'exercice de son rôle de coordinateur régional, depuis la création du Comité régional de coordination de la Funai à Colider-MT, a offert son assistance au peuple Mebengokre et à d'autres groupes ethniques tels que Panará, Kaiabi, Apiaká, Tapayuna , Juruna, Trumai, Terena et Guarani, la juridiction de ladite Coordination régionale portant sur la protection, la préservation et la conservation des terres indigènes, de son environnement et des ressources naturelles existantes, pour empêcher des activités telles que les invasions de bûcherons, de mineurs et autres entreprises mettant en danger nos territoires et ceux d'autres ethnies. M. Megaron Txucarramãe est un employé de carrière de la FUNAI depuis 1971.

Au delà de ces obligations juridiques, Megaron nous a tous aidé, nous, peuples autochtones, à survivre, physiquement et culturellement, dans un environnement de plus en plus hostile aux Indiens.

Nous tenons à rappeler également que M. Megaron a lutté pendant des années pour les droits des peuples autochtones, pour nos cultures et pour nos terres, pour ces droits garantis par la Constitution de 1988, dans les articles 231 et 232, et d'autres législations internationales dont le Brésil est signataire. Pour cette raison, en considération de la protection que Megaron a apporté aux Indiens, et au vu de la position du gouvernement, nous considérons ce licenciement comme une persécution politique et un acte de déstabilisation envers l'unité et la confiance dont il jouit avec notre peuple.

Les communautés indigènes sont révoltées et indignées par cette décision arbitraire. La FUNAI a échoué à représenter et à défendre les Indiens et, désormais, elle chasse un Indien qui, au sein de la FUNAI, a défendu les Indiens. L'insatisfaction est générale, preuve en est que plusieurs nations indiennes se prononcent contre cette décision prise par la FUNAI.

Nous, Indiens, voulons des précisions au sujet du motif de ce licenciement. Nous voulons que celui-ci soit rendu public, ce qui permettra d'éclaircir les raisons de cette décision. Cette décision a-t-elle été prise en raison de la lutte de Megaron Txucarramãe, de son travail pour organiser et assurer l'autonomie de son peuple et d'autres peuples ? Pour avoir assumé une position de combat pour défendre son peuple contre la construction de barrages comme, par exemple, celui situé au cœur de l'Amazonie, qui aura une incidence sur les territoires indigènes Kururuzinho, Munduruku et Apiaká ? Pour avoir défendu les territoires indigènes, la lutte pour la délimitation et la protection de ces zones ? Ou alors parce que Megaron Txucarramãe est un guerrier qui ne se laisse pas corrompre, en raison de la fierté qu'il éprouve d'être indien ?

Pour les raisons évoquées ci-dessus, pour la brutalité et l'illégalité de cet acte, l'absence de motifs, la partialité évidente dont il est fait preuve dans le décret de révocation notre peuple exige l'abrogation de cette ordonnance. Nous demandons que Megaron Txucarramãe garde son poste de coordonnateur régional à Colider-MT, entendu qu'il est la personne la mieux adaptée à défendre et à lutter pour nos droits et intérêts, comme il l'a toujours fait, sans ménager ses efforts pour atteindre les buts qu'il s'était fixé. Rappelez-vous l'histoire d'une vie de lutte, celle de Megaron Txucarramãe, le successeur de chef Raoni, qui, depuis les années 1960, a accompagné les frères Villas Boas dans la création du parc national du Xingu, parmi d'autres luttes pour défendre la survie de toutes populations autochtones du Brésil.

Date de l'article : 07/11/2011

Auteur de l'article : Gert-Peter BRUCH

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