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Barrage du Belo Monte : les premières conséquences se font déjà sentir…

Barrage du Belo Monte : les premières conséquences se font déjà sentir…

Belo Monte, l'étendue des dégats à ce jour.

La construction du barrage n’en est qu’à ses prémices mais les premiers effets néfastes sont déjà là. En effet à Altamira, selon une enquête menée par le Courrier International, les changements sont plus que perceptibles : une circulation automobile de plus en plus dense, des hôtels surchargés et une augmentation exubérante du prix des produits alimentaires…

Ce barrage doit faire appel à une importante main d’œuvre ce qui provoque un afflux constant et impressionnant de professionnels de tous secteurs et d’ouvriers. Les projections, en ce qui concerne la population de la ville d’Altamira, qui est en moyenne de 100 000 habitants, font état d’un possible doublement de la population au moment fort de la construction.

Avec le début des travaux, c’est une impression de chaos qui règne à Altamira. Cet afflux de personnes associé à un manque flagrant de structures, d’équipements (la ville n’a pas d’égouts) engendre une forte augmentation de la criminalité (prostitution, drogue).

Il faudrait un fort investissement financier afin de parer à tous ces problèmes. Mais voilà, étant donné que toutes les conditions environnementales et sociales n’ont pas été dûment remplies avant le début des travaux, les subventions destinées à résoudre ces problèmes n’ont pas été encore versées. Selon Carlos Nascimiento, président de la Norte Energia « on ne pourra obtenir ces financements que lorsque toutes les autorisations environnementales auront été délivrées ». Et pour cause, on peut entre autres rappeler, par exemple que, plusieurs études d’impact ont démontré que, sur une portion d’une centaine de kilomètres dénommée la Volta Grande, le barrage engendrera une diminution du débit lors des sécheresses estivales rendant toutes activités de subsistance telles que la navigation ou la pêche impraticables.

On peut ajouter à tout cela le fait qu’au final la rentabilité économique de ce barrage est loin d’être aussi formidable qu’annoncée ! Selon Renata Pinheiro, du mouvement Xingu Vivo Para Sempre « cette centrale est évaluée à 30 milliards de reals (plus de 13 milliards d’euros) qui vont devoir sortir de la poche du contribuable. Or Belo Monte ne fonctionnera qu’à 39 % de sa capacité à cause des caractéristiques du Xingu, dont le volume est environ 30 fois moins important en été qu’en hiver. En été, les turbines seront pratiquement à l’arrêt. » La conséquence est que d’autres barrages devront venir prêter mains fortes à Belo Monte, remodelant et bouleversant de façon  irréversible et irrémédiable l’un des affluents de l’Amazone.

Enfin, il faut noter que ce barrage pourrait principalement être utile à l’exploitation minière au sein de la Volta Grande selon Sheyla Juruna. Ce ne serait pas le premier barrage à être construit pour de telles ambitions. Ce fut le cas dans les années 1980 avec le barrage Tucurui sur le fleuve Tocantins dont le but était de convertir la bauxite en aluminium. Cela eut de lourdes conséquences : importantes inondations sur près de 125 km, disparition d’une partie de la forêt, déplacement de peuples autochtones, fin des activités de pêche, prolifération de moustiques, conséquences sanitaires graves dues à la méthylation du mercure.

Apparemment, les leçons ne sont pas tirées !

Date de l'article : 09/09/2011

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