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Brésil - le gouvernement nomme le nouveau président de la Funai

Brésil - le gouvernement nomme le nouveau président de la Funai

João Pedro, à gauche, prononce son discours d’investiture. A droite de l’image, se trouvent l’ex-président de la Funai, Flávio Chiarelli, et le ministre de la justice, José Eduardo Cardozo (© Alan Azevedo/Greenpeace).

Source : greenpeace.org/brasil
Brésil. Les peuples indigènes ont proposé un autre candidat mais c’est finalement l’ex-sénateur du PT Amazonas, João Pedro, qui assume la présidence, qualifiée par le ministre de la justice de « tâche la plus difficile de la République ».

A l’inverse de ce que l’Apib (Résau des peuples indigènes du Brésil) avait demandé dans une note publique au gouvernement, la présidente Dilma a nommé l’ex-sénateur João Pedro comme nouveau président de la Funai (Fondation nationale des Indiens). Au début du mois, l’Apib avait revendiqué la confirmation à son poste du président par intérim Flávio Chiarelli.

Ingénieur agronome, João Pedro a dirigé l’INCRA (Institut national de la colonisation et de la réforme agraire) et est à la tête du PT dans l’Etat Amazonas, région qu’il a représentée quand il était sénateur de la République. Son investiture a eu lieu aujourd’hui (17.06.2015) au Palácio da Justiça, à Brasília, en présence du ministre de la justice, José Eduardo Cardozo.

Le nouveau président a affirmé qu’il maintiendra un dialogue constant et ouvert aux propositions avec les représentants des peuples indigènes et a rappelé les initiatives du Congrès contre les droits des peuples traditionnels.

« C’est avec la volonté de servir le ministre Cardozo que nous donnerons toute la continuité aux débats et aux défis inhérents à cette conjoncture, surtout à ceux qui sont importants dans les actions législatives, qui prétendent démolir les avancées historiques atteintes grâce à la Constitution de 1988 », a assuré João Pedro pendant son investiture.

Après 8 mois comme Président par intérim de la Funai, Flávio Chiarelli sera désormais assesseur indigène du Ministère de la Justice. Selon lui, le gouvernement n’adopte pas un regard favorable aux peuples traditionnels indigènes, « pensant qu’ils sont à l’origine des problèmes. En réalité, on devrait cesser de se positionner de leur côté et affronter la réelle cause du problème ».

Dans son discours, le ministre de la justice a souligné que tout ce qui figure dans la Constitution est assuré et fait partie de la réalité. « La Constitution de 1988 a souligné ce que doit être le droit des peuples indigènes : la délimitation des terres. Les garanties qui n’ont jamais été données, ont été cristallisées dans ce texte. Toutefois, imaginer que ce qui « doit être » est déjà ou que ce qui « doit être » s’acquiert sans entraves, est un malentendu », a-t-il-dit.

Ainsi, Cardozo a fait de la nouvelle fondation de João Pedro un des plus grands défis du pays : « il est commun d’affirmer que le poste de président de la Funai est le plus difficile à assurer au sein de la République brésilienne, du fait des difficultés, des obstacles, des préjugés et de tout un ensemble de situations qui chaque jour sont un peu plus perceptibles par nous tous ».

« La Funai recommence à zéro, avec un nouveau président. L’absence de longévité caractérise cette fonction, puisque la présidence change sans cesse. Ainsi, l’administration de la Funai, et par conséquent les politiques relatives aux peuples indigènes, ne s’inscrivent pas dans la continuité », commente Danicley de Aguiar, chargé de campagne Amazonie à Greenpeace.

Mission

Selon le journal A Crítica, João Pedro aurait été investi d’une mission par le ministre de la Justice, José Eduardo Cardozo : montrer que la compétence de la Funai ne se limite pas à la délimitation des terres indigènes. « Dans un contexte de forte réforme agraire, l’objectif du ministre de la Justice est préoccupant », défend Aguiar.

Par conséquent, reste à savoir si l’engagement de João Pedro portera sur l’agenda en faveur du développement en Amazonie, lequel impute aux peuples autochtones la condition de bourreaux du développement, ou avec la défense sans relâche du droit indigène, qui conditionne la construction d’une société juste et éthique.

« Il est vrai que la Funai ne s’occupe pas uniquement de la délimitation des terres indigènes. Pourtant, cette question a occupé une grande place dans le programme indigène national, que ce soit au Congrès, dans les instances judiciaires ou à l’Exécutif, provocant des réactions catégoriques contre les droits fondamentaux », explique Aguiar, rappelant que les conflits liés à la terre sont particulièrement visibles dans le Mato Grosso do Sul, Bahia, Rio Grande do Sul, et l’Amazonie, notamment.

Revendiquée par le peuple Munduruku, la terre indigène Sawré Muybu, dans la région du fleuve Tapajós, est un exemple d'agenda en faveur du développement qu’on impose au détriment des droits fondamentaux, à cause du silence de la Funai quant à la continuité du processus de délimitation qui s’éternise depuis plus de 10 ans – en particulier depuis que le gouvernement a démontré un intérêt dans la construction d’une centrale hydroélectrique à São Luiz do Tapajós qui empiète sur ce territoire.

Que nous l’acceptions ou pas, le fait est que les terres indigènes permettent de protéger les forêts nationales, contribuant directement à l’équilibre climatique déjà fragile, dans la mesure où la destruction des forêts à l’échelle globale est responsable d’une partie considérable des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Il est ainsi stratégique que le processus de reconnaissance et de délimitation des terres indigènes redevienne une priorité de la Funai. Tout ceci dépendra de l’engagement de son nouveau président.


© Greenpeace Brasil - traduit par Laure Terrier / article original

Date de l'article : 17/06/2015

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