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L’impact des agro-carburants sur le peuple Guarani-Kaiowá

L’impact des agro-carburants sur le peuple Guarani-Kaiowá

Le bioéthanol est une des trois filières existantes d'agro-carburants de première génération (terme à préférer à celui, plus ambigu, de "biocarburants" qui sous-entendrait qu'ils sont produits de manière biologique). Il est issu des plantations sucrières (notamment la canne à sucre au Brésil), et ensuite incorporé à de l'essence à hauteur de 5 à 85%.

Les agro-carburants représentent un enjeu d'autant plus crucial que la production mondiale a été multipliée par 6 entre 2000 et 2010 (de 16 Mm3 à 100 Mm3) et devrait encore augmenter d’ici 2020 (x3 en Europe). En effet, à la fin des années 2000, la demande mondiale a explosé, poussant les autorités locales dans le Mato Grosso do Sul à s’engager en 2007 à installer en cinq ans quarante-trois nouvelles usines à éthanol, en plus des onze déjà existantes.

Derrière le nouvel Eldorado apparent du « pétrole vert » brésilien, derrière les fortunes insolentes de l’élite économique et politique de l’Etat du Mato Grosso do Sul, se cache la réalité dramatique du peuple Guarani-Kaiowá. En 2011, ils étaient environ 13 000 indigènes, pour la plupart issus de cette ethnie, à travailler dans les plantations de canne à sucre ou les usines de transformation d'éthanol, dans des conditions proches de l’esclavage. Il est ainsi estimé que l’effort journalier fourni dans les plantations – jusqu’à 10 000 coups de machette par jour – est équivalent à celui d’un marathon. Il est rare qu’un organisme le supporte plus de quinze ans. Avec le boom de l’éthanol, encouragé par Lula da Silva (président du Brésil de 2003 à 2011), assassinats, accaparement des terres, sous-alimentation, santé défaillante, « logements » insalubres, accidents de travail et salaires impayés sont devenus le lot quotidien du peuple Guarani-Kaiowá.


En plus d'arracher les Guarani Kaiowá à leurs terres, favorisant la malnutrition, la misère, la violence et l'alcoolisme, le travail hors du village achève de déstructurer le mode de vie traditionnel des indigènes et notamment leur production de nourriture, ceux-ci n’ayant d’autres alternatives que de devenir totalement dépendants de l’aide publique aléatoire et des rations alimentaires du gouvernement.

Un nombre important de multinationales est à l’origine du malheur des Guarani-Kaiowas. Leur activité aggrave les conflits fonciers car dans l’Etat du Mato Grosso do Sul, des sociétés transnationales comme Raizen, Dreyfuss, Bunge, Syngenta ou encore le français Louis Dreyfus Commodities (par l’intermédiaire de sa filiale Bioenergia), exploitent des terres du peuple Guarani-Kaiowá déjà homologuées ou en cours de démarcation. De plus, la spéculation sur le marché des terres encourage la répression contre les communautés rurales, empêche l’application des droits constitutionnels des indigènes sur leurs terres et, par conséquent, contribue à leur exploitation. En novembre 2009, Louis Dreyfus Commodities, qui administre 340 000 hectares de terre et emploie près de 20 000 personnes dans tout le Brésil, a été condamnée pour sous-traitance illégale de main-d’œuvre et non-respect du droit du travail.

Les violations aux droits humains de ces compagnies vont de pair avec les atteintes irréparables à l’environnement, leurs monocultures intensives accélérant, par le déboisement et l’utilisation d’herbicides, la destruction du Cerrado du Mato Grosso, un écosystème connu comme « le pays des eaux », car il approvisionne les principaux réseaux hydrographiques du pays, berceaux de la plupart des espèces en danger d’extinction.

Quant au bilan écologique du bioéthanol, il est bien loin des promesses de durabilité annoncées : rendement très faible de la fermentation alcoolique, pour des émissions de gaz à effet de serre importantes (déforestation, fermentation qui produit du dioxyde de carbone, et brûlis avant la récolte pour éliminer les feuilles coupantes et préjudiciable au rendement de la coupe).

Comme si cela ne suffisait pas, l’explosion de la production d’agro-carburants au Brésil a un grave impact sur le prix des denrées alimentaires. En effet, la terre et l’eau, deux ressources naturelles limitées, sont utilisées pour remplir les réservoirs des voitures et autres modes de transport, quand elles devraient avant tout permettre de nourrir les populations mondiales dont une partie continue de souffrir de la faim – et parmi eux, les Guarani-Kaiowá figurent au premier plan des victimes.

L’Union Européenne, après avoir activement poussé leur développement, s’apprête à donner un coup de frein aux agro-carburants, en plafonnant leur utilisation et en obligeant les industries à rendre des compte sur leurs émissions de gaz à effet de serre. « Le signal est clair, mais la réforme est trop timide » selon Robbie Blake de l’ONG les Amis de la Terre. Avoir tant misé sur les agro-carburants pourrait être une erreur qui est en train de mener à l’éradication des Guarani-Kaiowá.


© Planète Amazone

Date de l'article : 23/07/2015

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