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Argentine - à Buenos Aires, le Sommet des Peuples Indigènes a délibéré et condamne la violation de leurs droits.

Argentine - à Buenos Aires, le Sommet des Peuples Indigènes a délibéré et condamne la violation de leurs droits.

Source : resumenlatinoamericano.org
Ce vendredi, après avoir délibéré pendant trois jours, les représentants des peuples indigènes ont défilé sur la Place de Mai pour déposer le document final de leur rencontre à la Casa Rosada, siège du gouvernement. Ils étaient accompagnés d’Adolfo Pérez Esquivel, Prix Nobel de la Paix, et de Pablo Pimentel de l’ONG APDH La Matanza.

En sortant de la Casa Rosada, Adolfo Pérez Esquivel a déclaré : « ce gouvernement ne veut pas nous recevoir, c’est une attitude raciste et discriminatoire. Aujourd’hui, nous sommes venus avec Félix Díaz et Pablo Pimentel pour représenter les peuples autochtones et les organisations des droits de l’homme, et remettre le document signé par les communautés de 17 provinces argentines suite au Sommet National des Peuples Indigènes. Le Gouvernement National nous a fait attendre 4 heures dans la rue et le froid pour finalement ne pas nous laisser déposer le texte sur le bureau de l’accueil. Ils m’ont dit que j’étais le seul à pouvoir entrer et je leur ai répondu que non, que les frères indigènes devaient aussi pouvoir entrer. Ce racisme discriminatoire et cette fermeture au dialogue encouragent la violence institutionnelle que vivent ces peuples indigènes sur leurs territoires ».

Plus jamais une sœur ou un frère mort ou violenté pour avoir défendu ses territoires et la Terre Mère !

Déclaration du Sommet des Peuples Indigènes

Buenos Aires, Argentine, 27-29 mai 2015

« Nous, autorités de 25 peuples indigènes venant de 17 provinces du pays, réunis en ce Sommet National des Peuples Indigènes, saluons fraternellement toutes les sœurs et les frères indigènes du pays et de toute l’Amérique. De la même manière, nous saluons fraternellement tout le peuple argentin, qui, en grande partie, souffre des conséquences d’un modèle économique non durable.

Ce modèle économique, connu depuis les années 90 comme le capitalisme néolibéral, est un modèle occidental, aujourd’hui globalisé. Il a entraîné un accroissement sans précédent des inégalités et de l’appauvrissement, la violation des droits de l’homme, l’impotence du système judiciaire, l’exploitation et le pillage de ce que l’on appelle les « ressources naturelles » (biodiversité pour les peuples indigènes) et, par voie de conséquence, la destruction de l’environnement, de la santé humaine et du patrimoine culturel. Tout cela porte atteinte à l’équilibre et à la vie harmonieuse de la Terre Mère et de tous les êtres vivants qui vivent sur cette planète.

Nous venons depuis nos terres ancestrales pour proclamer que nous sommes toujours vivants comme peuples et cultures indigènes, pour léguer une vie conforme à nos principes et à nos valeurs aux générations futures. Nous venons avec notre mémoire ancestrale, elle nous permet de sauvegarder nos connaissances traditionnelles. C’est depuis la mémoire que nous nous connectons avec le passé, avec le présent et avec le futur. Nous savons d’où nous venons, qui nous sommes et aussi vers où nous allons. Nous préservons notre propre histoire, éducation autonome, médecine traditionnelle, droit coutumier, langue, la loi ancestrale transmise de génération en génération. La mémoire est la base de l’identité d’un peuple qui a été conservé pendant des millénaires.

Nous déclarons que :

1) Nous sommes disposés à continuer de lutter et d’affirmer nos valeurs et droits ancestraux, en défendant toute violation de nos peuples et droits, et en protégeant nos terres et territoires.

2) Des décennies durant, nous avons tenté d’établir un dialogue avec le Gouvernement Argentin, pour qu’il respecte nos droits, reconnus par le Droit International Public lui-même consacré dans la Constitution Nationale, dans les Constitutions Provinciales et dans plusieurs lois nationales et provinciales. Cependant, cette demande de dialogue n’a jamais abouti, et pendant ce temps de grandes violations de ces droits ont lieu.

3) Dans les 10 dernières années, des dizaines de sœurs et de frères sont tombés sous les balles de la police, des mercenaires et des propriétaires terriens qui assaillent nos territoires. Plus de mille sœurs et frères ont été incriminés pour défendre leurs territoires et la Nature. Il y a de la répression, de l’intimidation et un dispositif juridique systématique pour réprimer notre résistance et la contestation de nos militants qui défendent la vie, nos territoires et la Terre Mère.

4) Le gouvernement argentin continue de violer en toute impunité les lois nationales et les accords internationaux ratifiés sur les droits des indigènes, de même que le droit environnemental international et le droit d’avoir une vie saine et une bonne santé. Il faudrait que le gouvernement argentin respecte :

La Déclaration des Nations Unies sur les Droits de Peuples Autochtones ;

La Convention 169 de l’OIT ;

L’Instance Permanente sur les Questions Autochtones et ses décisions et recommandations ;

La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ;

Le Groupe de travail de l’ONU sur les populations autochtones et ses recommandations ;

La Convention sur la Diversité Biologique (notamment les articles 8j, 10c et les articles connexes) ainsi que d’autres conventions environnementales internationales ;

La Convention sur le Changement Climatique ;

La Convention RAMSAR sur les zones humides ;

Les Instruments Juridiques et la Jurisprudence du Système Inter-Américain de l’OEA ;

La Convention Américaine relative aux Droits de l’Homme (art.75, inc.22) ;

La Constitution Argentine et les constitutions provinciales,

La Loi sur les Forêts ;

La Loi sur les Glaciers,

La Loi Générale sur l’Environnement ;

Toute loi argentine nationale et provinciale et les décrets municipaux en rapport avec les peuples indigènes et la préservation de l’environnement.

5) Nous considérons que les problèmes seront résolus à travers le dialogue pour tout processus de construction politique, projet de loi ou activité nationale, et par le respect des principes démocratiques basiques reconnus au niveau international, c’est-à-dire :

a) La consultation des peuples indigènes sur n’importe quel projet du dit développement respectant nos structures, autorités et temps ;

b) La participation pleine et effective, en respectant le processus pour arriver à un consensus ;

c) Le libre consentement, en étant informé au préalable, avec le droit de dire « non » dans le cas d’un désaccord.

6) Durant ces trois jours, nous avons entendu des témoignages dramatiques de sœurs et de frères sur la situation d’injustice qui prévaut sur les territoires. Nous avons délibéré pour harmoniser les critères, trouver des solutions et proposer des actions sur les thèmes qui doivent être considérés comme urgents, comme le sont : la violation des droits de l’homme, le dépouillement de nos territoires, l’exploration et l’exploitation conventionnelle du pétrole et la fracturation hydraulique, l’exploitation minière, les défrichements, la pollution, l’extension de la culture du soja, les barrages hydroélectriques, la carence en soins de santé et d’autres sujets critiques.

7) Depuis ce lieu et dans l'esprit de nos ancêtres nous souhaitons lancer un appel à tout le peuple argentin pour réfléchir sur le futur et sur les générations à venir pour construire ensemble une société plus juste, équitable et plurielle en harmonie avec la nature.

8) En tant que peuples autochtones nous voulons mettre en avant le rôle de la femme qui n'est pas seulement celui de transmettre des connaissances traditionnelles et de préserver la biodiversité, mais aussi qu’elle ait un rôle dans la construction politique de nos villages, où la dualité de genre et de génération sont la base de notre conception du monde.

9) Nous encourageons la création et le renforcement de moyens de communication propres pour garantir une communication identitaire.

10) L’Etat doit garantir le droit à l’éducation autonome et interculturelle.

11) Nous encourageons la création de politiques publiques avec la participation pleine et effective des peuples autochtones.

12) Nous soulignons notre préoccupation pour la protection de notre patrimoine génétique qui se voit menacé par des industries émettant des polluants tels que la radiation nucléaire, les organismes génétiquement modifiés (par ex. Monsanto) et par les expérimentations de biotechnologie comme le projet du génome humain.

Nous exigeons :

a) L’abrogation de la loi antiterroriste. Un pays qui se proclame défenseur des droits de l’homme a promulgué une loi, en pleine démocratie, dont la seule fonction est la répression des protestations sociales et la pénalisation des leaders indigènes qui revendiquent leurs droits pour défendre leurs territoires.

b) La suspension des poursuites engagées contre toutes les autorités indigènes inculpées, comme c’est le cas pour Relmu Ñamku de la communauté mapuche Winkul Newen située dans la Province de Neuquén qui est accusée de tentative d’homicide pour avoir défendu son territoire. Que le gouvernement national sollicite un rapport urgent sur la situation.

c) Que la Présidente Cristina Fernández reçoive rapidement les frères de QOPIWINI qui campent depuis 104 jours pour la deuxième fois en plein cœur de la ville de Buenos Aires pour dénoncer la violation systématique de leurs droits. Nous exigeons l’ouverture d’un dialogue politique pour l’élaboration d’un agenda de travail et une entente qui garantisse l’application des droits en vigueur.

Plus jamais une sœur ou un frère mort ou violenté pour défendre son territoire et la Terre Mère !

Nous initions, depuis ce Sommet, un grand Mouvement d’Unité des Peuples Autochtones qui nous permette d’affronter la réalité dans laquelle nous vivons. Car au-delà du fait que nous venons du nord ou du sud, de l’est ou de l’ouest, nous luttons tous pour redevenir des peuples libres, autonomes sur nos propres territoires et qui exercent le plein droit à l’auto-détermination.

Source: www.librerita.blogspot.com.ar


© resumenlatinoamericano.org - traduit par Caroline Savier / article original

Date de l'article : 30/05/2015

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