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"Tupinambá : la terre restituée", un documentaire inédit sur les efforts du peuple Tupinambá pour récupérer son territoire traditionnel

Source : intercontinentalcry.org
Tupinambá : La terre restituée est un film documentaire inédit qui se concentre sur la lutte toujours en cours des Tupinambá pour obtenir une reconnaissance officielle de leur territoire ancestral, dans ce qui est maintenant le sud de l’Etat de Bahia, au Brésil.

Constitué d’images et de témoignages d’archives du territoire indigène des Tupinambá de Olivença, le film (sous-titré en anglais) raconte l’histoire de la spoliation et de la résistance des Tupinambá. Cette histoire est inextricablement liée à l’avancée de la frontière agricole du Brésil à la fin du XIXe siècle, à la montée des barons du chocolat (appelés « colonels ») et à la reconnaissance des droits territoriaux des indigènes par la constitution du Brésil de 1988.

Guidés par une vénération indéfectible des Encantados (Esprits Ancestraux), à qui toutes les terres des Tupinambá appartiennent, les Tupinambá se sont mobilisés collectivement pour récupérer leurs terres en utilisant un processus appelé « retomadas de terras ». A travers ce processus, les Tupinambá ont pu récupérer des portions considérables de leur territoire. Cependant, malgré tout ce que les Tupinambá ont gagné, sans une reconnaissance officielle, ou même un minimum de respect de la part de l’Etat brésilien et des autres personnes opposées à la démarcation (la reconnaissance) de leurs terres, les Tupinambá ont dû faire face à l’intimidation, la torture, l’incarcération et autres actes de violence.

Comme cela est expliqué dans la Chronologie des violences subies par les peuples Tupinambá ci-dessous, en 2010 le Chef Babau (Rosivaldo Ferreira da Silva) a été emprisonné dans un complexe pénitencier de sécurité maximale pendant cinq mois. La même année, une autre dirigeante, ainsi que son bébé, ont été emprisonnés durant deux mois. En 2009, des officiers de la police fédérale ont torturé cinq personnes en les soumettant à des décharges électriques, et en 2011, un homme indigène a subi une amputation de la jambe après avoir été pris pour cible par un officier en civil.

En 2014, une base militaire a été installée en territoire Tupinambá. Environ 500 soldats de l’armée ont été transférés dans cette région. Depuis lors, le peuple Tupinambá a rapporté avoir subi des menaces et des actes de violence du fait de fonctionnaires responsables de l’application de la loi. De plus, les Tupinambá ont subi des actes de violence répétés de la part de fermiers et d’autres individus opposés à la démarcation (la reconnaissance) de leurs terres. Plusieurs cas ont été enregistrés depuis août 2013.

Malgré une longue et terrible liste d’abus, les Tupinambá continuent de se consacrer au chemin de leurs ancêtres. Au nom des générations futures, ils vont continuer à faire pression sur l’Etat brésilien afin qu’il accomplisse son devoir constitutionnel en reconnaissant leur droit le plus basique : le droit à la terre.

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CHRONOLOGIE DES VIOLENCES SUBIES PAR LES PEUPLES TUPINAMBÁ

 Ce qui suit est une mise à jour de la liste chronologique des violences subies par les Tupinambá au cours des sept dernières années, de la part à la fois de l’Etat et d’agents privés.

17 avril 2008

Première arrestation du Cacique Babau, accusé d’avoir dirigé la manifestation de la communauté contre la mauvaise utilisation des fonds fédéraux destinés aux soins médicaux. Le Cacique était au Salvador au moment des manifestations.

23 octobre 2008

Attaque de la Police Fédérale au village de Serra do Padeiro, avec plus de 130 agents, 2 hélicoptères et 30 véhicules, afin d’appliquer des décisions de justice suspendues par la Cour Fédérale Régionale (TRF) de la Première Région. Cette attaque a pour conséquence 22 blessés parmi les personnes indigènes (que ce soit par balle en caoutchouc ou par empoisonnement à la bombe à gaz), des destructions d’habitations, de véhicules de la communauté, de nourriture et d’équipements pour l’école.

27 mai 2009

Arrestation préventive du frère du Cacique Babau pour avoir conduit une voiture de la FUNASA transportant des provisions alimentaires. Le Juge de la Cour d’Appel de la TRF de la Première Région, Cândido Ribeiro, n’a trouvé aucune justification dans l’ordre d’arrestation de la Cour Fédérale d’Ilhéus.

2 juin 2009

Cinq personnes sont capturées et torturées par des agents de la Police Fédérale qui utilisent des bombes lacrymogènes, des coups de pieds et de poings, des bandeaux, des insultes et des décharges électriques. Les résultats de l’Institut Médico-Légal du District Fédéral du Brésil (IML/DF) confirment la torture, mais une enquête aboutit à des conclusions inverses.

10 mars 2010

Cacique Babeau est arrêté, au milieu de la nuit, durant une invasion de domicile par la Police Fédérale. Selon les agents, l’arrestation est perpétrée à un horaire autorisé par la loi. Ce qui s’avère faux.

20 mars 2010

Arrestation préventive du frère du cacique Babau par des agents de la Police Fédérale dans une rue principale, alors qu’il emmenait un véhicule de la communauté chez le garagiste.

16 avril 2010

En violation des Statuts Indigènes (Indian Statute), Babau et son frère sont transférés dans le complexe pénitentiaire de sécurité maximale à Mossoró (Rio Negro), car la Police Fédérale craint des manifestations contre son incarcération au Salvador lors de la « Journée des Indigènes » (Indian Day).

3 juin 2010

La sœur de Babau ainsi que son bébé âgé de deux mois sont arrêtés sur la piste d’atterrissage de l’aéroport d’Ilheus par la Police Fédérale à leur retour d’une audience avec le président Lula, dans la Commission Nationale sur la Politique Indigène, sur décision du Juge de District de Buerarema. Ils restent en prison à Jequié pendant deux mois, malgré le fait que le Juge lui-même ait décidé de révoquer le mandat d’arrêt.

5 avril 2011

Estanislau Luiz Cunha et Nerivaldo Nascimento Silva sont arrêtés dans une situation où ils étaient contraints de commettre un délit (« flagrante preparado »), une pratique jugée illégale, dans une carrière de sable exploitée par des compagnies au cœur des Terres Indigènes des Tupinambá. Ces accusations sont fondées sur les seules allégations de délits d’ « extorsion » de la Police Fédérale. Estanislau, qui prenait des médicaments sur ordonnance, et Nerivaldo, dont on a amputé la jambe droite après que la police lui a tiré dessus, doivent toujours se défendre de charges de « tentative de meurtre » contre des officiers de la police fédérale. Comme par coïncidence, cette action a eu lieu la veille de l’arrivée du Ministre de la Justice de l’Etat de Bahia dans la région. Après deux mois et demi qu’ils passent en prison, la Cour Régionale Fédérale de la première région leur a accordé la liberté à l’unanimité lors d’un jugement d’habeas corpus, le 20 juin.

3 février 2011

Arrestation du Cacique Maria Valdelice, après un dépôt de plainte à la Police fédérale à Ilhéus, suite au mandat d’arrêt émis par le Juge fédéral Alberto Pedro Calmon Holliday, accusé d’avoir « pénétré sur une propriété privée » (« esbulho possessório »), de « formation d’un complot ou d’un gang criminel » et d’ « exercice arbitraire de leurs propres raisons » (« exercício arbitrário das próprias razões »). La Cacique est relâchée fin juin, après quatre mois d’assignation à résidence.

14 avril 2011

A environ 17 heures, un groupe d’agents de la Police Fédérale, lourdement armés et en possession d’un mandat de perquisition, mettent à sac la résidence du Cacique Valdelice, terrorisant la famille entière, et en particulier beaucoup de ses petits-enfants. Au Salvador, la « Commission Tupinambá » arrive pour des réunions avec les autorités locales de la CDDPH (Commission des Droits de la Personne Humaine).

15 avril 2011

Lourdement armée, la Police Fédérale accompagne des auxiliaires de justice envoyés pour mener à bien une opération de reprise de possession et d’expulsion. Les peuples indigènes et la FUNAI (Fondation Nationale Indigène) n’avaient pas été notifiés de cette action, ce qui a été remarqué par des membres de la CDDPH. Ces derniers ont témoigné du manque de préparation des agents et de la présence de soi-disant détenteurs de titres de fazenda (plantation), qui ont incité les autorités à agir contre les Peuples Indigènes.

28 avril 2011

La Police Fédérale initie une enquête, demandant au procureur fédéral du Bureau du Ministre de la Justice (AGU) et à la FUNAI de fournir des preuves contre la dénonciation de la soi-disant « coercition » contre la femme d’affaires Linda Souza, responsable d’une carrière de sable, située sur les terres des Tupinambá.

29 avril 2011

Arrestation du Cacique Gildo Amaral, de Mauricio Souza Borges et Rubenildo Santos Souza, trois jours avant que la délégation composée de représentants fédéraux du CDHM et de membres du CDDPH/SDH rendent de nouveau visite aux peuples indigènes de la région car des actes de violence continuent d’être rapportés.

5 juillet 2011

Cinq Tupinambá sont arrêtés par la Police Fédérale sur des charges d’ « obstruction de la justice » et d’ « exercice arbitraire de leur propre raisons », de « complot criminel » et d’ « intrusion sur une propriété privée ».

18 octobre 2012

Lors du Forum d’Itabuna (BA), cinq Tupinambá, victimes de torture commise par la police fédérale, témoignent devant le Juge Fédéral pour l’Action Publique Civile pour les Dommages Moraux Collectifs et Individuels. Cette Action est amenée par le Ministère Public Fédéral (MPF) de Bahia contre le Gouvernement Fédéral (União). Les procureurs ouvrent également une enquête pour identifier les responsables de la torture, attestée et confirmée par des rapports de l’Institut Médico-Légal (IML – Instituto Médico Legal).

14 août 2013

Des élèves de l’école publique des indigènes Tupinambá de Serra do Padeiro sont victimes d’une embuscade sur la route qui relie Buerarema et Vila Brasil. L’attaque a lieu alors que le camion transporte les élèves de leurs cours du soir jusqu’à leurs localités. Ils sont pris par surprise par plusieurs coups de feu venant d’un homme se tenant au sommet d’un talus. Les coups de feu étaient dirigés vers la cabine du véhicule, dans une tentative flagrante de tirer sur le chauffeur. Le tireur croyait de façon évidente que le chauffeur était Gil, le frère de Cacique Babau, car le véhicule lui appartenait. Ce dernier était conduit par Luciano Tupinambá.

26 août 2013

Dans la municipalité de Buerarema, contigu au territoire traditionnel de Tupinambá, la violence est encouragée par des groupes liés aux envahisseurs des terres Tupinambá. Des personnes indigènes subissent des vols sur le chemin vers une foire, et 28 maisons sont incendiées entre ce moment et début 2014. Le système de soins médicaux pour les indigènes est suspendu, et une voiture du Secrétariat Spécial à la Santé Indigène (SESAI) est brûlée.

8 novembre 2013

Aurino Santos Calazans, âgé de 31 ans, Agenor de Souza Júnior, 30 ans, et Ademilson Vieira dos Santos, 36 ans, sont exécutés lors d‘une embuscade alors qu’ils revenaient de la communauté de Cajueiro, à environ 18 heures, dans la portion sud du territoire Tupinambá. L’embuscade était menée par six hommes. Les indigènes sont touchés par des coups de feu. Les assassins les ont ensuite torturés : les corps étaient lacérés par des coups de machette d’une façon appelée dans la région les « coups de fouet d’une queue de raie ». Des procureurs fédéraux voient les meurtres comme faisant partie intégrante du conflit sur la terre.

28 janvier 2014

Après avoir mené à bien la reprise de possession de deux fazendas (plantations) localisées à Serra do Padeiro, dans la municipalité d’Ilhéus, à Bahia, la Police Fédérale et la Force Nationale de Police mettent en place une base dans les bureaux de la fazenda Sempre Viva. Il y a des attaques à la grenade contre les Tupinambá qui se sont réfugiés dans la forêt.

2 février 2014

Lors de l’invasion de la Police Fédérale dans le village Tupinambá de Serra do Padeiro, M.S.M., âgé de deux ans, a été séparé de ses parents et est tombé entre les mains de la police. Après que l’enfant a été amené à Ilhéus par la police fédérale, le chef de police Severino Moreira da Silva le laisse au Conseil de Protection de l’Enfance, qui, à son tour, transfère le mineur dans une crèche où il demeure isolé et séparé de ses parents, sur un avis de la Cour de l’Enfance et de la Jeunesse.

24 février 2013

Cacique Babau Tupinambá est arrêté par la Police Fédérale à Brasilia, après avoir participé à une session de la Commission sur les Droits de l’Homme de la Chambre Fédérale. Plus tard, alors que, invité par la CNBB (Conférence Nationale des Evêques du Brésil), il essayait de se rendre au Vatican pour rencontrer le Pape François, le passeport de Babau est suspendu par la Police Fédérale. Cela a lieu moins de 24 heures après qu’il a été émis, au nom de quatre mandats d’arrêt : trois enregistrés en 2010, et le dernier de la Court d’Etat de l’Una qui l’accuse d’être impliqué dans le meurtre d’un petit fermier. Cette dernière accusation est rejetée par la Cour Supérieure de Justice (STJ).

Entre le meurtre du fermier, le 10 février 2014, et le mandat d’arrêt, le 20 du même mois, dix jours ont passé. L’enquête de police sur laquelle la décision de justice était fondée a été faite dans un temps record, et sans le personnel de police nécessaire, comme cela fut déclaré, de façon inattendue, par le Juge d’Una lui-même dans sa décision pour l’arrêt. De plus, des témoins ont été entendus qui n’étaient pas indigènes. Ils furent dénoncés par le Cacique et ont subi une enquête de la part de la FUNAI. Ils se sont fait passer pour des Tupinambá afin d’avoir accès à des bénéfices. Les témoins eux-mêmes ont confessé cette pratique illégale lors de l’enquête.

1er mai 2015

Adenilson Da Silva Nascimento revenait de la pêche avec son épouse, son fils âgé d’un an et un autre enfant de quinze ans, quand ils sont pris dans une embuscade par trois hommes armés et masqués. Il meurt sur le coup tandis que sa femme, Zenaildes, est gravement blessée, atteinte par des coups de feu dans la jambe et le dos.

7 mai 2015

Dans Tupinambá de Belmonte, des maisons et des récoltes sont brûlées dans le village de Patiburi. D’après le Cacique Katia Tupinambá, les attaques se sont intensifiées fin 2013, quand les Etudes d’Identification et de Délimitation des Territoires sont menées par la FUNAI et publiées dans le Rapport Quotidien Officiel de l’Etat. Elles ont confirmé la présence des indigènes Tupinambá dans la région.

Tupinambá de Belmonte s’étend sur 9,521 hectares et consiste de 41 familles pour une population de plus de 200 personnes indigènes. En 2006, les familles ont été expulsées de la région par la Police Fédérale qui appliquait un ordre de reprise de possession. Elles ont dû abandonner les troupeaux et les récoltes, et toutes les maisons ont été détruites. Peu après, ils sont revenus dans la région avec un Ordre d’Injonction pour le maintien de la Possession en faveur de la communauté Tupinambá.

 

TUPINAMBÁ : LA TERRE RESTITUÉE

Réalisateur : Fernanda Ligabue
Producteur(s) : Daniela Alarcon and Fernanda Ligabue
Produit avec le soutien de l'ONG "Repórter Brasil" et les ressources bénévoles de plus de 500 donateurs.
Site internet : reporterbrasil.org.br/retornodaterra/


© intercontinentalcry.org - traduit par Mahault Thillaye / article original

Date de l'article : 23/05/2015

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