Belo Monte :
pétition du Cacique Raoni

A ce jour 502905 signatures.

Vérifier la validité de votre signature




Actualités

Au Brésil, le poids des grands propriétaires terriens

Au Brésil, le poids des grands propriétaires terriens

Le soutien affiché de la sénatrice Katia Abreu, égérie de l'agrobusiness, à Dilma Rousseff, candidate pour un second mandat à la présidence de la république du Brésil.

Source : Le Figaro
Le lobby de l'agroalimentaire influence les principaux candidats au premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.
Dans une élection brésilienne marquée par le conservatisme, il y a des mots qui fâchent: «avortement» et «mariage pour tous», par exemple, sont source de divisions à éviter à tout prix. Et il y a ceux qui ont tout simplement disparu du vocabulaire des principaux candidats, comme «réforme agraire». Rien que de plus normal pour Aécio Neves, le représentant de la droite traditionnelle. Mais il s'agit d'une rupture pour les deux favorites du scrutin, la présidente sortante, Dilma Rousseff, et son opposante Marina Silva.

Dilma Rousseff représente le Parti des travailleurs (PT), la formation qui faisait, à sa création, en 1980, de la redistribution des terres une priorité. Marina Silva a été un cadre dirigeant du PT pendant vingt-trois ans avant d'en claquer la porte en 2009. Elle s'est illustrée dans la lutte pour la préservation de l'Amazonie, avant de devenir ministre de l'Environnement de Lula entre 2003 et 2008. Cinq années durant, elle a bataillé contre les intérêts de l'agroalimentaire, avant de jeter l'éponge.

Pour faire oublier ce passé, Marina Silva s'est choisi un candidat à la vice-présidence soutenu par les «ruralistes», et prétend aujourd'hui que son opposition historique aux OGM est un «mythe». Pour elle, ce n'est plus à l'État d'intervenir dans la redistribution des terres, mais aux forces du marché. Dilma Rousseff, de son côté, s'est alliée à Katia Abreu, la présidente du principal syndicat du secteur.

«Jamais dans l'histoire on n'a vu des candidats à la présidentielle courtiser de telle façon l'agroalimentaire», constate Alceu Castilho, auteur de l'ouvrage O partido da terra («Le parti de la terre»). Le pragmatisme est à l'honneur, face à un secteur qui pèse 23 % du produit intérieur brut, et génère 41 % des exportations. Il y a aussi les arguments moins avouables. «Même les partis historiquement de gauche n'ont plus d'états d'âme à recevoir des donations des géants agricoles», poursuit Alceu Castilho. Le leader mondial de la viande JBS a déjà donné 23 millions d'euros, le double de sa contribution de 2010.

Les Indiens négligés

Ces versements, qui concernent les cinq scrutins en jeu ce dimanche, sont efficaces - outre le chef de l'État, les Brésiliens choisissent les gouverneurs des régions, les députés fédéraux et locaux, et renouvellent une partie du Sénat. Des 41 députés fédéraux élus en 2010 qui avaient reçu des fonds de JBS, 40 ont voté, l'année suivante, un Code forestier favorable au secteur.

Gouverner sans le soutien du lobby agricole est difficile. Au Congrès, c'est le plus important, avec 23 % des députés et 16 % des sénateurs. Ils se réunissent tous les vendredis midi, pour, au-delà de leurs différences partisanes, discuter des priorités du secteur. Depuis des années, ils imposent au gouvernement des plans d'aide, des crédits, et l'amnistie des prêts du passé. Outre la flexibilisation des lois sur le «travail esclave», fréquent dans les grandes propriétés d'Amazonie, le lobby agricole exige la fin de la délimitation de réserves pour les Indiens, qui les protège de l'urbanisation galopante et de l'avidité des entrepreneurs. Là encore, avec succès.

Des vingt dernières années, Dilma Rousseff est le chef d'État qui a le moins reconnu de terres aux Indiens. Elle envisage même de retirer à la Funai, la fondation gouvernementale des peuples indigènes, la responsabilité de la délimitation des terres, voulant y associer les ministères de l'Agriculture et de la réforme agraire.

Au Congrès, il n'y a plus aucun Indien pour défendre les intérêts des tribus menacées. Bien qu'ils soient 890.000, leur représentation politique est pratiquement inexistante. Des quelque 26.000 candidats à un mandat cette année, seuls 83 sont des Indiens. Le dernier député indigène était le cacique Mario Juruna. Il a quitté le Parlement en 1986.


© Le Figaro - article original

Date de l'article : 04/10/2014

Retour