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Des archéologues prennent position contre les barrages sur les fleuves Tapajós et Teles Pires

Des archéologues prennent position contre les barrages sur les fleuves Tapajós et Teles Pires

Le ministre Gilberto Carvalho a déjà reçu à Brasilia 140 Munduruku qui demandaient la suspension des projets qui n'ont pas pour autant été suspendus

Source : Carta Capital / blog de Felipe Milanez
La prise de position de la Société Brésilienne d'Archéologie insiste sur la nécessité de réaliser la consultation libre, préalable et informée auprès des peuples indigènes, conformément à la Convention 169 de l'OIT.

La participation de scientifiques dans les processus de construction de barrages en Amazonie a créé une grande polémique. Les processus d'autorisation faits par le gouvernement ont été biaisés, et certaines entreprises de "recherche" ont l'habitude de distribuer des études sur des thèmes dont elles ne sont pas spécialistes. Sur le fleuve Tapajós, les scientifiques qui ont envahi les territoires indigènes pour effectuer la collecte de données, contre la volonté des populations locales et sans consultation préalable, ont dû être escortés par l'armée et la force nationale. Autrement dit : la force brute de l'État est utilisée par des scientifiques, comme dans l'ancien modèle colonial, pour imposer aux populations locales des formes d'extraction de ressources qui affectent directement leurs territoires et leurs vies. Comme dit le cacique Juarez Saw Munduruku dans cette vidéo : "Ce ne sont pas des chercheurs mais des exploiteurs de la terre."

Couper un fleuve qui sert asu transport et à la production d'aliments, détruire une cascade sacrée, par exemple, ne seront pas de petits changements dans la vie des Munduruku. Pour le moins, cette action violente du gouvernement produit déjà des cauchemars, comme me l'a raconté une fois le cacique Kubatiapã (http://rollingstone.uol.com.br/edicao/edicao-69/veias-secas-da-amazonia#imagem0) :

« Nous marchions, il y avait pas mal de gens. Tous peints. Avec des arcs et des flèches, en direction du couchant. À un moment est venu un avion, il est passé tout près. Et sur la route s'arrête une voiture et ils commencent à tirer. L'avion mitraille. J'avais mon arme, mon arc en main, puis une carabine 22. L'avion a commencé à tirer contre les gens, en direction des plus faibles. J'ai crié pour que tout le monde s'abrite en forêt. C'était une pluie de balles. Nous nous sommes cachés et sommes allés à la cascade sacrée. C'est un endroit protégé. C'est là que se trouve l'histoire » dit-il. « Si l'usine hydro-électrique est construite, le fleuve Tapajós a une histoire indigène. Ils vont détruire le fleuve. Ils vont tout détruire. »

En réponse à l'annonce récente par Mauricio Tolmasquin de la tenue des enchères de l'usine de São Luiz do Tapajós avant la fin de l'année, et considérant que la consultation libre, préalable et informée (conformément à ce que stipule la Convention 169 de l'OIT dont le Brésil est signataire) n'a pas encore été réalisée, la Regional Nord de la Société d'Archéologie Brésilienne s'est manifestée lors de sa dernière Assemblée Générale, dans la ville de Macapá le 27 août 2014. Le communiqué, reproduit plus bas, fait appel aux collègues de la profession pour qu'ils ne participent à l'autorisation environnementale tant que la situation, remise en question par le Ministère Public Fédéral, perdure.  Le communiqué manifeste également sa préoccupation en ce qui concerne les changements attendus dans le processus d'autorisation environnementale qui devraient le rendre plus flexible, car le patrimoine archéologique et immatériel du bassin du Tapajós est encore peu connu et court le risque de perdre sa protection.

Ci-dessous, le communiqué de la Société Brésilienne d'Archéologie :

Solidarité avec les peuples du bassin du Tapajós

Communiqué de position approuvé lors de l'Assemblée de la Société Brésilienne d'Archéologie - Noyau Régional Nord.

Macapá, le 27 août 2014.

Le processus d'étude d'impact environnemental et de construction d'une série de barrages liés au Complexe Teles Pires et Tapajós se fait dans un manque de respect flagrant des droits des peuples de la forêt qui vivent dans la région. L'argument que l'impact des barrages serait minime en raison d'un prétendu vide démographique ne tient pas, surtout si l'on considère la longue occupation humaine du bassin mise en évidence par le registre archéologique de la région.

Nous voyons donc avec préoccupation l'implication des archéologues dans un processus qui a déjà fait appel à la présence de la force nationale de sécurité pour assurer la poursuite des études, en envahissant les territoires indigènes et traditionels et perturbant les communautés.

Nous appelons donc les collègues de la profession à ne pas participer à ces activités lièes à l'autorisation environnementale des barrages du bassin du Tapajós tant que ce processus se poursuivra dans un contexte de violations des droits des communautés affectées, qui n'ont pas encore été consultées selon ce que stipule la Convention 169 de l'OIT. Nous demandons que ces activités ne soient reprises qu'une fois que la consultation libre, préalable et informée, reconnue comme telle par le ministère public fédéral, sera réalisée

De plus, nous exprimons notre profonde inquiétude en ce qui concerne une possible flexibilisation annoncée des autorisations environnementales. La région où est prévue la construction des barrages du bassin du Tapajós est encore peu étudiée, nous risquons de perdre un patrimoine archéologique que nous ne connaissons même pas si ces changements fragilisent sa protection.

SAB - Société d'Archéologie Brésilienne


© Carta Capital / blog de Felipe Milanez - article original - traduit du portugais par Chico Libri

Date de l'article : 17/09/2014

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