Belo Monte :
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COUPE DU MONDE : LE BRÉSIL USE DE VIOLENCE EN RÉPONSE À UNE FORTE MOBILISATION EN DÉFENSE DES DROITS DES PEUPLES INDIGÈNES

COUPE DU MONDE : LE BRÉSIL USE DE VIOLENCE EN RÉPONSE À UNE FORTE MOBILISATION EN DÉFENSE DES DROITS DES PEUPLES INDIGÈNES

Les chefs Raoni Metuktire et Megaron Txucarramae, entourant Sheyla Juruna, quelques minutes après avoir été gazés aux abords d’un stade de la coupe du monde, à Brasilia, le 27 mai 2014 (Photo : Gert-Peter BRUCH / Planète Amazone)

Brasilia, mardi 27 mai - C’est dans un contexte politique marqué par l’année électorale et une volonté de croissance économique exponentielle que 400 leaders indigènes, dont les Chefs Kayapo RAONI Metuktire et MEGARON Txucarramãe - en prélude à leur venue prochaine en Europe -, ont commencé à se réunir pacifiquement, mardi 27 mai à Brasilia,  devant les pouvoirs exécutifs et judiciaires brésiliens, pour interpeller la communauté internationale. Ce même jour a été mis en ligne, sur la chaîne youtube de Planète Amazone, un spot de soutien lancé par Bernard Lavilliers.

Après avoir réussi à prendre d’assaut le toit du Congrès, centre du pouvoir brésilien, sur lequel ils ont effectué chants et danses, les indigènes ont été crûment refoulés avec les « sans-toits » qui les avaient rejoints aux abords du stade Mané Garrincha, qui doit accueillir l’un des matches de la Coupe de la FIFA. Des grenades lacrymogènes ont été lancées par dizaines en leur direction, atteignant le Cacique Raoni, qui s’est déclaré consterné : « nous venons demander la paix sur nos terres et ils nous répondent par des actes de guerre ». Le Cacique Megaron, son neveu et successeur qui l’accompagnera en Europe, a surenchéri en disant : « voyez ce qu’est devenue la démocratie sous la présidence de Dilma Rousseff. Nous voilà revenu en dictature. Nous sommes traités comme des moins que rien. Le monde entier doit voir ce que subissent les peuples indigènes du Brésil et comprendre à quel point nous sommes démunis face à cette violence permanente ».

Cette mobilisation, qui se poursuit les 28 et 29 mai, marque la première étape du ‘S.O.S. Amazônia Tour’, une tournée internationale des Caciques Raoni et Megaron. Figures légendaires de la résistance des peuples indigènes du Brésil engagés contre la déforestation de l’Amazonie, ils reviennent sur leurs pas 25 ans après leur premier tour du monde (aux côtés de Sting) à la rencontre des plus hautes autorités, pour dresser un bilan, alerter la communauté internationale sur la dégradation de la situation en Amazonie, dénoncer l’implication de multinationales (ex : participation d’entreprises européennes aux projets de grands barrages), et chercher du soutien pour un projet d’envergure internationale qu’ils souhaitent présenter à l’ONU en septembre.

Au nom d’un modèle de développement économique principalement agro-exportateur,  les forces politiques et économiques de l’Etat Brésilien bafouent les droits originaires des peuples indigènes en multipliant les mesures administratives visant à supprimer leurs droits et exploiter leurs terres. Les pouvoirs en présence s’évertuent à flexibiliser la législation indigéniste et environnementale pour donner une base légale à leurs attaques.

Mais au-delà de la tentative de suppression des droits indigènes, dénonce un document de l’APIB (Articulation des Peuples Indigènes du Brésil), les pouvoirs en place se sont également engagés dans une virulente campagne de criminalisation, discrimination et extermination des peuples indigènes. Dans les médias brésiliens,  poursuit le même document, la désinformation est de mise. Les réalités sont passées sous silence au profit d’informations mensongères, constituant ainsi une véritable inversion des droits.

Les représentants indigènes veulent donc saisir l’occasion de la Coupe du monde de football pour rallier le plus largement possible à leur cause, notamment en incitant le grand public à reproduire des mains vertes et rouges. Sônia Guajajara, porte-parole de l’APIB, n’a pas manqué de rappeler que les milliards investis dans cet événement sportif « n’iront pas à la démarcation des terres indigènes promises par la Constitution de 1988.  Nous restons sous la menace permanente des ruralistes, qui veulent se saisir de nos terres. Le monde entier doit réagir. Il s’agit du poumon de la Terre et de l’avenir de nos enfants. Cette Coupe, qui nous dédaigne, et pour laquelle certains de nos frères ont été expulsés, ne fait que souligner le mépris que le gouvernement nous porte ».

Gert-Peter Bruch, président de Planète Amazone, raconte : « nous nous acheminions de façon pacifique avec les Caciques Raoni et Megaron vers le stade Mané Garrincha dans une atmosphère bon enfant, quand soudain nous avons perçu un mouvement de panique en amont et des émanations de fumée. Puis tout est allé très vite, les Caciques ont été pris dans les vapeurs et ont du fuir comme des fugitifs, les bronches et les yeux leur brûlant. Médusés, nous avons vu de nos yeux la brutalité policière se déchaîner sans discernement sur hommes, femmes ou enfants. Lors de l'assaut pacifique du Congrès quelques heures plus tôt, la police n'avait pas osé utiliser la force. Je trouve hallucinant qu'un stade commandité par la FIFA soit mieux protégé que le centre du pouvoir brésilien. Je sis très inquiet sur l'état de la démocratie au Brésil ».

Date de l'article : 30/05/2014

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