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Le Pape François reçoit le président du Cimi pour débattre des violations des droits indigènes au Brésil

Le Pape François reçoit le président du Cimi pour débattre des violations des droits indigènes au Brésil

Vatican, 4 avril 2014 - Le Pape François reçoit des mains de Dom Erwin Kräutler (au milieu), évêque d'Altamira et farouche opposant à Belo Monte, un rapport du CIMI sur la situation dramatique des Indiens du Brésil.

Source : CIMI (www.cimi.org.br)
Le Vatican, 4 avril - Le président du Conseil Indigéniste Missionnaire (Cimi) et évêque du Xingu, Erwin Kräutler, a été reçu le vendredi 4 avril à 12 heures, horaire de Rome, par le Saint Père Jorge Mario Bergoglio, le pape François.

L'audience a eu lieu dans le bureau papal et a abordé le thème des violations des droits indigènes, encouragées par le capital privé allié au gouvernement fédéral. Était également présent à cette rencontre le conseiller théologique du Cimi, Paulo Suess. Le jeudi 3, Kräutler et Suess s'étaient réunis avec le préfet de la Congrégation pour la Doctrine et la Foi, Gerhard Ludwig Müller.

« Des groupes politiques et économiques liés à l'agroindustrie, le secteur minier et les BTP,  avec le soutien et la participation du gouvernement brésilien, tentent de révoquer les droits territoriaux des peuples indigènes » explique un passage du document remis au pape (lire  plus bas).

Pendant l'audience, les représentants du Cimi ont informé François des cas de violence auxquels sont soumis les peuples indigènes et leurs alliés. Ils ont insisté sur la question guarani et kaiowá dans le Mato Grosso do Sul, où le confinement (45 milles indigènes) dans de petites zones « provoque des morts, des suicides et des souffrances atroces et permanentes ».

La brutalité du gouvernement brésilien à l'égard des Tupinambá, dans le sud de Bahia, qui ont aujourd'hui sur leur terres une base de l'armée, subissent des incendies criminels de leurs maisons, telle celle de l'agriculteur allié des Kaingang, dans le Rio Grande do Sul, et les attaques de l'agrobusiness contre le Cimi et les organisations indigénistes sont des sujets abordés dans l'entretien.

Don Erwin a exposé la situation des peuples indigènes de la Vallée du Javari qui, sans assistance médicale, souffrent d'une épidémie d'hépatite depuis des décennies et sont menacés par l'intervention du gouvernement brésilien pour promouvoir l'exploitation de pétrole sur leurs terres, ce que le gouvernement du Pérou pratiique déjà de l'autre côté de la frontière provoquant d'énormes impacts sur les populations indigènes, contactées ou non.

Au sujet des grands projets, l'évêque a rappelé que 519 entreprises, aujourd'hui au Brésil, affectent 437 terres appartenant à 204 peuples indigènes, conformément au rapport produit par le Cimi et s'appuyant aussi sur d'autres études.

Une attention particulière pour le méga-projet de l'usine hydroélectrique de Belo Monte, au Pará, dont la construction se poursuit bien qu'elle ne respecte pas les lois nationales ni les conventions internationales, comme la convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT).

Parmi les peuples affectés par de tels projets, se trouvent des groupes en situation d'isolement volontaire : « Beaucoup d'entre eux courrent un grand risque de destruction en raison des projets hydro-électriques, miniers  et de la déforestation causée par l'élevage ou la monoculture de soja ».

En Amazonie brésilienne vivent environ 90 groupes en situation d'isolement, libres, ce qui fait de cette région du monde celle qui a la plus grande quantité de peuples encore sans contact avec la société qui les entoure.

Paralysation des démarcations.

Don Erwin et Paulo Suess ont affirmé au pape François que le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff, contrariant la constitution brésilienne, a paralysé la démarcation des terres indigènes, ce qui a encouragé l'augmentation de la violence contre les droits des peuples traditionels.

« La paralysation des démarcations est l'une des principales causes de conflits et de la violence dont souffrent les peuples indigènes » indique un autre passage du document reçu par François. Les représentants du Cimi ont remis au pape des publications et des études qui approfondissent les dénonciations faites au Vatican.

Selon Don Erwin Kräutler, le pape François a fait preuve d'attention, de préoccupation et de sensibilité à ces questions apportées par le Cimi, un organisme lié à la Conférence Nationale des Évêques Brésiliens (CNBB).

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LE DOCUMENT REMIS AU PAPE.

Audience avec Sa Sainteté le Pape François, le 4 avril 2014

Très Saint Père,

Je suis très honoré et heureux de paratager avec Votre Sainteté les préoccupations de tous les peuples indigènes, de toutes les communauté de l'Amazonie, et de nous mêmes, missionnaires du Cimi, le bras indigéniste de la CNBB, et je suis certain que que vous les recevrez avec attention.

Le Conseil Indigéniste Missionnaire - Cimi.

Le Conseil Indigéniste Missionnaire - Cimi - est un organisme lié à la Conférence Nationale des Évêques Brésiliens (CNBB), fondée en 1972, pendant la dictature militaire. Sa mission est de développer et de coordonner la pastorale de l'église catholique relative aux peuples indigènes du Brésil. Il a comme priorité la présence solidaire, fondée sur l'évangile, avec ces peuples dans leurs vilages, se plaçant comme allié pour la défense de leurs droits constitutionels et de leur dignité. Cet organisme a un secrétariat national à Brasilia, la capitale fédérale, 11 délégations régionales et 88 équipes de base dans lesquelles travaillent 240 missionnaires (laïcs, religieux/ses, prêtres, évêques) et 30 employés (attachés de presse, avocats, conseillers théologiques et anthropologiques. documentalistes).

Le Cimi a contribué de manière décisive à ce que les peuples indigènes surpassent le projet intégrationiste brésilien pendant la dictature militaire et conquièrent la reconnaissance de "leur organisation sociale, coutumes, langues, croyances et traditions, et leur droit originaire sur les terres qu'ils occupent traditionellement" (article 231 de la constitution brésilienne) (1)

Attaque aux droits indigènes.

Des groupes politiques et économiques liés à l'agroindustrie, le secteur minier et les BTP,  avec le soutien et la participation du gouvernement brésilien, tentent de révoquer les droits territoriaux des peuples indigènes. Pour atteindre cet objectif, ils utilisent systématiquement des instruments politico-administratifs, judiciaires et législatifs. (2)

Paralysation de la démarcation des Terres Indigènes au Brésil.

Contrairement à ce que détermine la constitution brésilienne, l'administration de la présidente Dilma Rousseff a suspendu la poursuite des processus administratifs en vue de la reconnaissance et de la démarcation des Terres Indigènes dans le pays (3). La paralysation des démarcations est l'une des principales causes de conflits et de violence dont souffrent les peuples indigènes.

Augmentation de la violence contre les personnes et leurs alliés.

Les communautés indigènes et les missionnaires du Cimi sont aujourd'hui systématiquement attaqués par les députés qui incarnent les intérêts de l'agro-industrie et de l'élevage. Voici quelques exemples récents :

La destruction d'un village du peuple Tupinambá à Bahia :

Le 7 mars 2014, dans la municipalité de Itapevi, un village Tupinambá a été totalement détruit par des hommes armés au service des éleveurs. Le Cimi leur prête une assistance juridique et sociale.

Incendie de la maison d'un agriculteur qui soutenait le peuple Kaingang :

Le 13 mars 2014, l'agriculteur Alécio Andriolli, de 62 ans, a vu sa maison totalement brûlée, dans la municipalité de Seara, dans l'ouest de l'état de Santa Catarina, en raison de sa solidarité avec les Kaingang. Le diocèse de Chapeco a aidé matériellement cet agriculteur et le Cimi lui a apporté un soutien légal.

Attaque au Cimi et À l'église catholique :

En raison de sa défense des peuples indigènes, le Cimi est aussi criminellement responsabilisé et subit de fréquentes attaques de l'agro-industrie. Plusieurs diocèses (évêques) et paroisses (prêtres) subissent la pression des éleveurs.

 

Confinement des peuples indigènes dans le Mato Grosso do Sul.

Dans l'état du Mato Grosso do Sul, le peuple Guarani-Kaiowá, dont la population s'élève à 45 mille personnes, occupe moins de 30 hectares. Ce confinement dans une zone si petite provoque des morts, des suicides et des souffrances atroces et permanentes (4).

 

Des hépatites endémiques dans la Terre Indigène Valle do Javari - Amazonas.

Dans les dix dernières années, de nombreux indigènes sont morts en raison de la précarité de l'assistance sanitaire de l'État Brésilien, principalement dans la Terre Indigène Valle do Javari, dans l'état de Amazonas. 85% des Indiens sont en contact ou contaminés par un ou plusieurs virus de l'hépatite, principalement le type "B", qui est mortel et pour lequel il n'existe pas de traitement. (5).

 

Les entreprises prônant le "développement" provoquent de violents impacts sur les Terres Indigènes au Brésil : cas concret du barrage de Belo Monte.

Il y a actuellement 519 entreprises de tailles moyennes et grandes qui provoauent des impacts en 437 propriétés appartenant à 204 peuples indigènes au Brésil. Les innondations et la déforestation, la violence, la contamination, la propagation de maladies et les conflits internes ne sont que quelques unes des graves conséquences qui affectent les peuples indigènes.

La construction de la centrale hydro-électrique de Belo Monte, à Altamira au Pará, est un cas emblématique de cette réalité. Les recommandations techniques des experts du secteur énergétique n'ont pas réussi à convaincre le gouvernement brésilien de son équivoque. La construction de Belo Monte provoque déjà un véritable chaos social et environnemental pour les peuples indigènes, les riverains et la population urbaine. Environ 40 mille personnes sont directement affectées par ce projet et devront abandonner les lieux où ils vivent.

 

Le risque d'extermination de peuples idolés en Amazonie brésilienne.

Il y a en Amazonie environ 90 groupes de peuples indigènes en situation d'isolement, sans contact avec la société nationale. beaucoup d'entre eux courrent un grand risque de destruction en raison de projets comme les lacs de retenue des usines hydro-électriques, l'exploitation minière et la déforestation à grande échelle pour élever du bétail ou cultiver du soja.

 

La solidarité du Cimi à l'égard des peuples indigènes au Brésil

Nous n'oublierons jamais la présence de Votre Sainteté duranr les Journées Mondiales de la Jeunesse en juillet 2013, et je pense que Votre Sainteté n'oubliera pas non plus le geste d'un indigène qui vous a offert une parure de plumes. À cette occasion, un indigène de 14 ans, du peuple Pataxó, a affirmé : « Je trouve fantastique que quelqu'un de notre communauté ait eu l'occasion de connaître le pape. Nous sommes ici pour représenter tous les indigènes du Brésil. » De nombreux indigènes de l'Amazonie ont dit espérer que le pape les aiderait à protéger leurs terres.

Nous n'oublierons jamais non plus votre discours aux évêques qui demandait « plus de respect et de protection envers toute la création que Dieu a confiée à l'être humain, non pour qu'elle soit exploitée de manière indicriminée, mais pour qu'elle soit transformée en jardin ».

Je remercie de tout mon coeur Votre Sainteté de m'avoir reçu en audience.

Erwin Kräutler C.PP.S.
Évêque du Xingu et président du Cimi

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Notes :
1) Selon les données de l'Institut Brésilien de Géographie et Statistiques (IBGE), dans son recensement de 2010, il y a 896 mille indigènes au Brésil, appartenants à 305 peuples et parlant 274 langues.

2) - Pouvoir exécutif : Ordonnance 419/11 et 303/12 et Décret 7957/13.
- Pouvoir législatif : Proposition d'Amendement Constitutionel (PEC) 215/00, 038/99 et les projets de loi 1610/96 et 227/12.
- Pouvoir judiciaire : l'instrument des "Suspensions et Sécurité".

3) En 2013, une seule Terre Indigène a été démarquée dans le pays. Aucune en 2014.

4) Entre 2000 et 2013, il y a eu 463 suicides d'indigènes dans le Mato Grosso do Sul. Entre 2003 et 2012, des 563 indigènes assassinés au Brésil, 55% (soit 317) étaient du Mato Grosso do Sul. De nombreuses familles Guarani et Kaiowá vivent dans des campements en bordure des routes.

5) En 2010, sur une période de 40 jours, 12 mineurs du peuple Kanamari sont morts. Une autre situation inquiétante est le nombre d'orphelins qui ont perdu leurs parents en raison de maladies.


© CIMI - article original / traduit du portugais par Chico Libri

Date de l'article : 14/04/2014

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