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Le chef Raoni se rend dans le Village Multi-éthnique de la Chapada dos Veadeiros et discute de la situation indigène au Brésil

Où qu'il se rende, il attirait l'attention non seulement à cause de son labret (ornement inséré dans la lèvre inférieure, une marque des guerriers prêts à mourir pour leur terre) et de son cocar (coiffure ornementale), mais aussi en raison de sa personalité emblématique que Raoni Metuktire a construit au long de plus de 4 décennies de combat pour la préservation de l'environnement et pour le respect des droits au territoire et la défense des populations indigènes brésiliennes.

C'était la première fois que Raoni se rendait au Village Multi-éthnique, un espace situé dans la Chapada dos Veadeiros qui réunit plusieures éthnies indigènes pendant six jours pour un échange culturel dans une Rencontre des Cultures. Cette initiative est un symbole concret d'une des (nombreuses) luttes du leader Kayapo : unir les peuples indigènes. "C'est important de réaliser l'union de tous et d'aider à démarquer les terres. Je suis à la recherche de plus de ressources pour faire cette union et rédiger un document à remettre à Dilma Rousseff" a-t-il déclaré. À cette fin et pour transformer le contexte actuel qui le préoccupe tellement, Raoni voyagera une fois de plus dans plusieurs pays pour obtenir des soutiens à sa cause.

Actuellement, le grand leader essaye d'obtenir une audience avec le Pape François pour qu'il le soutienne en vue d'une intervention auprès de la présidente Dilma Rousseff au sujet de la situation indigène dans le pays qui inquiète Raoni Metuktire. "Ce n'est pas très beau" pour Raoni (une des expressions que ce grand chef utilise pour exprimer que la situation n'est pas bonne) ; il y a encore des morts d'Indiens provoquées par la lutte pour la terre, de nombreuses menaces et une législation déficiente. Et même lorsque certains combats semblent gagnés, rien n'est jamais acquis. Comme dans le cas de la construction de l'usine hydro-électrique de Belo Monte, un combat remporté par Raoni en 1989, mais qui est revenu à l'ordre du jour en 2011.

Pendant sa visite au Village Multi-éthnique, Raoni a rencontré les représentants de l'éthnie indigène du Canada, les Innu, qui l'ont invité à se joindre à eux pour l'organisation d'une rencontre des peuples indigènes du monde entier. "Cette rencontre pourra se produire au Canada afin d'unir tous les peuples pour la paix. Un combat commun de toutes les nations pour demander la justice et le droit des indigènes" a expliqué le chef Tshiuelen Canape.

"Ce n'est pas très beau", la vision indigène du problème

"Je m'inquiète des personnes qui veulent construire des barrages sur la rivière. Je n'aime pas les bûcherons, les orpailleurs, les fazendeiros, les usines hydro-électriques, tout cela est mauvais. Ce n'est pas seulement pour les Indiens, mais pour tout le monde. Les gens ne savent pas que cela détruit toute la végétation, les rivières, et que cela va provoquer de sérieux problèmes pour tous. Nos petits enfants ne pourront pas vivre bien", s'inquiète le leader. Ses préoccupastions sont universelles, Raoni ne se bat pas seulement pour le bien être et le futur de sa communauté, il entend que le futur est commun et que chaque être vivant dépend de l'autre.  "Je respecte tout le monde, j'aime tout le monde. Je ne souhaite blesser personne. Je veux juste que nous puissions vivre ensemble", tel est le souhait de Raoni. Toute cette sagesse qui a ému les gens du monde entier est le résultat de la culture millénaire du peuple Kayapo, de la vie et de la tradition de connaissance passée aux jeunes par les anciens.

Même après des décennies de lutte, il y a encore de nombreux combats à suivre et beaucoup de causes à défendre, mais la vigueur de Raoni Metuktire n'a jamais fléchi. Comme il le dit lui-même, il avance et continuera à avancer jusqu'à ce que son combat prenne fin. En pensant à sa mission, le grand chef Kayapo donne un message à ses parents : "vous, l'Indien du Brésil, devez penser que je suis à la recherche de plus de ressources pour que nous soyons unis. Nous devons marcher ensemble, nous battre ensemble pour obtenir ensemble nos terres, pour que ces barrages ne soient pas construits. C'est ce que je vous demande. Nous allons nous unir parce que l'union est très importante pour nous, les Indiens brésiliens."

© encontrodeculturas.com.br / por Marcela Borges : article original

Traduction : Stéphan Bry