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Occupation de Belo Monte : Les tribus indigènes s’engagent à résister aux barrages en Amazonie

Occupation de Belo Monte : Les tribus indigènes s’engagent à résister aux barrages en Amazonie

Des représentants du peuple Munduruku tentent d'investir le palais présidentiel du Planalto à Brasilia (Monique Renne/CB/D.A Press)

Source : Amazon Watch
Brasilia (Brésil) – Les manifestants indigènes ont refusé de quitter Brasilia après la tenue d’une réunion avec les hautes autorités cette semaine. En cause, le gouvernement brésilien qui persiste dans son projet de construction de grands barrages hydroélectriques.   

Mardi dernier, 140 Indigènes de six tribus différentes vivant le long des fleuves Xingu, Tapajós et Teles Pires se sont déplacés à Brasilia, après 17 jours d’occupation du site de construction des barrages à Belo Monte. Lors d’une réunion de quatre heures avec les représentants du gouvernement brésilien, dont Gilberto Carvalho, Secrétaire Général de la présidence, les représentants indigènes ont une nouvelle fois sollicité la suspension des études pour la construction de barrages sur leurs territoires. Ils ont également revendiqué le droit d’être consultés avant l’élaboration de tout projet de construction d’un barrage.

Dans une lettre parue mardi dernier, le groupe a exprimé son indignation face aux simulacres de négociations et a réitéré son opposition à la construction des barrages : « Nous sommes venus à Brasilia pour demander la suspension des études de faisabilité et de la construction des barrages sur les fleuves Xingu, Tapajós et Teles Pires. Vous ne parlez pas seulement avec le peuple Mundurukú. Vous discutez aussi avec les Xipaya, Kayapó, Arara, Tupinambás et avec toutes les personnes rassemblées dans cette lutte essentielle pour nous tous. Nous n’avons pas amené de listes de souhaits. Nous refusons vos barrages. Nous exigeons que le gouvernement fédéral s’engage à nous consulter et à garantir notre droit de veto contre des projets qui nous détruisent. »

Bien que cette réunion réponde aux demandes des manifestants indigènes qui souhaitaient un dialogue direct avec les représentants du gouvernement, elle constitue néanmoins un échec pour le gouvernement brésilien qui a systématiquement ignoré la loi nationale. En effet, Gilberto Carvalho a fait preuve de bonne volonté pour établir un « dialogue », mais il a déclaré que le gouvernement n’était pas disposé à reconsidérer ses projets de construction d’une douzaine de barrages hydroélectriques dans l’ensemble de l’Amazonie. À la question de possibles consultations futures, Carvalho aurait répondu : « Je ne vais pas vous mentir. Vous n’aurez aucun droit de veto. »

« L’attitude du gouvernement de Dilma Roussef envers les peuples indigènes et son mépris de la constitution est inacceptable », a confié Maíra Irigaray, coordinatrice du Programme Brésil pour Amazon Watch. « Pourquoi parle-t-on de libre consentement éclairé si les peuples concernés ne peuvent réellement s’exprimer ou disposer d’un droit de veto ? Une consultation est loin d’être une simple formalité, elle doit être prise au sérieux. »

Lors de la réunion de mardi, un leader indigène du nom de Saw a expliqué que le gouvernement était en train de brader la forêt mettant ainsi en danger la culture ancestrale des peuples indigènes : « Tout n’est qu’argent aujourd’hui. Vous [le gouvernement] ne parlez à personne. Ce n’est pas seulement le cas avec les peuples indigènes, mais avec tout le monde. Vous faites ce que vous voulez de toute façon, ce n’est pas bien. »

Tandis que les manifestants indigènes se battent pour leurs droits, le gouvernement brésilien paie les frais de son inflexibilité. Le 14 mai, Valor International (journal national à grand tirage) publiait un article (en anglais) démontrant que les manifestations indigènes et non-indigènes ont reporté d’un an les travaux de Belo Monte. De plus, les coûts du projet furent sous-évalués ; ils dépassent actuellement les 11 milliards d’euros, ce qui représente un excédent de 4 milliards d’euros. Les manifestations du mois de mai ont engendré un dépassement de budget de 64 millions d’euros (sur la base de 4 millions d’euros par jour, selon une estimation de Valor International). Par ailleurs, le gouvernement continue à financer la sécurité des sites de construction et des réunions comme celle qui s’est déroulée hier, au lieu d’investir dans des projets durables qui ne mettent pas en danger les peuples indigènes et l’environnement.

« Au mépris de sa propre constitution et des lois internationales, le gouvernement ignore le libre consentement éclairé des peuples indigènes et refuse de mener des études de faisabilité et d’impact sur l’environnement avant de planifier la construction de gigantesques barrages en Amazonie, » a déclaré Brent Millikan, directeur du programme Amazonie au Brésil pour l’ONG International Rivers. « Le gouvernement est un hors-la-loi qui essaie de faire passer les manifestants indigènes comme tel. »

Le gouvernement a proposé d’organiser une autre réunion à Tapajós dans 20 jours, mais aucun accord n’a été passé à ce sujet à la fin de la réunion. Considérant qu’une consultation n’est pas une simple formalité et que les peuples indigènes devraient avoir le droit d’exprimer leur opposition à des projets néfastes pour leurs terres, leurs communautés et leurs modes de vie, tous les groupes présents à la réunion ont décidé de rester à Brasilia jusqu’à ce que la situation soit débloquée.

« Notre combat est sans fin. Le gouvernement doit respecter nos droits et notre constitution. Ils ne veulent pas écouter les indigènes mais nous n’arrêterons pas de lutter tant qu’ils ne le feront pas », a déclaré le leader indigène Cândido Munduruku. 


© Amazon Watch / traduit par Morgane Lafon : article original

Date de l'article : 06/06/2013

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