Belo Monte :
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Turquie : la conférence d'International Rivers met en évidence les impacts planétaires des grands barrages

Turquie : la conférence d'International Rivers met en évidence les impacts planétaires des grands barrages

Le Cacique Megaron Txcarramãe, neveu et successeur du Cacique Raoni et l'un des chefs de file de la résistance aux grands barrages hydroélectriques en Amazonie est actuellement en Turquie, accompagné de sa fille Mayalú, passionara de la jeune garde Kayapo prête à prendre la relève des combats pour les droits des indigènes. Ils participeront le 18/05/2013 à une conférence de presse sur les problématiques liées aux grands barrages, tel ceux de Belo Monte (Brésil) et Ilisu (Turquie), et plaideront une fois de plus pour la défense de leurs terres contre l'expansion industrielle irraisonnée du Brésil de Dilma Rousseff, et plus largement contre des industriels qui font la promotion des grands barrages dans le monde.

Istanbul, Turquie — venues d'Amérique du sud, du Moyen-Orient, d'Europe, des Etats-Unis et d'Afrique, les communautés affectées et les organismes internationaux pour la préservation de la nature se réunissent aujourd'hui au sommet "International Rivers" à Istanbul, en Turquie, pour détruire le mythe du grand barrage "écologique".

Plus de 50 000 barrages ont été construits sur plus de la moitié des plus grands fleuves du monde au cours du siècle dernier, causant des dommages irréversibles sur l'environnement et les modes de vie traditionnels, ainsi que la migration forcée de millions de personnes. Comme les grandes entreprises européennes ne peuvent plus implanter ce genre de barrage gigantesque sur leur continent à cause d'une législation environnementale plus stricte et d'un meilleur respect des droits de l'homme, elles se tournent vers la promotion de ces projets pharaoniques dans les pays en développement, vantant leur prétendue vertu écologique comme une solution au changement climatique.

Les faits exposés lors d'une grande conférence, menée par une délégation internationale, démontrent au contraire la contribution de ces grands barrages au changement climatique, les voies non-démocratiques excluant les populations indigènes de leur décision d'implantation, et les dommages irréversibles causés dans les régions les plus importantes en terme de culture indigène et de conservation de la nature, telles que l'Amazonie et la Mésopotamie.

L'un des intervenants clé est parmi les plus grands pourfendeurs du barrage de Belo Monte au Brésil : le grand chef Kayapo Megaron Txcarramãe, qui voyage en Turquie accompagné de sa fille Mayalú Kokometi Waurá Txucarramãe, pour montrer sa solidarité avec ceux qui combattent le barrage d'Ilisu au sud-est de la Turquie.

"Au nom du progrès économique, l'industrie des barrages et le gouvernement brésilien veulent mettre un terme à notre mode de vie, vieux de nombreux siècles. Cela nous est imposé par la force, par un gouvernement qui se prétend démocratique. Nous combattons pour protéger notre mode de vie et l'environnement, et nous continuerons à le faire. Nous sommes ici en solidarité avec ceux qui sont contre le barrage d'Ilisu, où des dizaines de milliers de personnes sont aussi contraintes de quitter leur maison", a déclaré le Cacique Kayapo Megaron Txucarramãe.

Les réservoirs et canaux de Belo monte noieront au total 668 km² du bassin amazonien. Les scientifiques craignent que les centaines de barrages planifiés dans ce bassin, dont Belo Monte fait partie, ne causent l'extinction de quelque 1 000 espèces de poissons, ce qui représente le tiers des espèces de poissons de l'Amazonie. Le barrage de Belo Monte causera le déplacement de 40 000 personnes, dont des communautés indigènes.

"Le barrage d'Ilisu affectera sa région de la même manière, innondant une zone qui remplit neuf des 10 critères de l'UNESCO pour figurer au patrimoine mondial, et déplacera 35 000 personnes", explique Dicle TUba Kilic, coordinateur du programme de protection des fleuves de la Doga (association environnementale). Les travaux du barrage turc continuent malgré les décisions de justice, et le retrait de son financement, en 2009, des agences de crédit européennes, parce le gouvernement n'a pas rempli les contraintes qui garantissaient la protection de l'environnement, des communautés et de leur culture. Le barrage d'Ilisu détruira l'ancienne ville de Hasankeyf, vieille de 12 000 ans, et affectera cinq zones clés pour la biodiversité en Turquie. Son impact s'étendra jusqu'aux marais de Basra en Iraq.

Le docteur Azzam Alwash, détenteur du prestigieux prix Golman de l'environnement en 2013 pour ses travaux sur la régénération des marais de Basra en Iraq, figure parmi les intervenants. Depuis la chute de Saddam Hussein, qui avait drainé ces marais dans les années 1990 pour sanctionner l'alliance entre les arabes du marais avec les américains lors de la première Guerre du Golfe, le docteur Alwash a mené un effort concerté pour restaurer la plus grande étendue d'eau du Moyen-Orient. Ces marais courent à nouveau un danger : le barrage d'Ilisu sur le Tigre menace de tarir son apport en eau en Iraq.

"Nous, gens issus du Moyen-orient, devrions utiliser nos ressources en eau pour renforcer nos partenariats et notre amitié. L'eau pourrait aisément être un instrument de paix. Nous devons respecter le mode de vie traditionnel des communautés qui dépendent du fleuve Tigre, ainsi que la faune qui fait partie intégrante de cet écosystème", a déclaré le docteur Alwash.

Déjà soumise à une raréfaction de l'eau et aux tensions politiques, cette région aride du Moyen-Orient longant le Tigre et l'Euphrate est en train de perdre ses réserves d'eau à un rythme élevé. Une étude récente de la NASA a établi que le bassin du Tigre et de l'Euphrate est le deuxième lieu à perdre ses réserves d'eau en surface le plus rapidement au monde. La Turquie contrôle l'amont des fleuves Tigre et Euphrate, ce qui détermine la quantité d'eau qui se déverse en aval en Syrie et en Iraq.

La délégation internationale se déplacera au sud-est de la Turquie pour montrer sa solidarité avec les communautés entrées en résistance contre le barrage d'Ilisu. Elle rencontrera le maire Diyarbakir, Osman Baydemir, et les habitants de Hasankeyf. Deux séances de diffusion y sont prévues pour le récent film documentaire Damocracy : l'une lundi à 21h à Diyarbakir, et l'autre mardi à 20h à Hasankeyf.

Ce documentaire s'efforce de tordre le cou au mythe selon lequel les barrages fourniraient une énergie "propre", et rend compte des héritages culturels et naturels que le monde pourrait perdre avec la mise en œuvre des barrages de Belo Monte en Amazonie et d'Ilisu au sud-est de la Turquie, malgré l'opposition et la résistance du plus grand nombre. Il prend le nom du mouvement Damocracy, formé suite au sommet de Rio +20 l'année dernière, quand les gouvernements du monde se sont dérobés à leur responsabilité de reconnaitre les désastres culturels et naturels permanents qui sont causés par la construction de grands barrages.

DAMOCRACY regroupe 15 organisations nationales et internationales. Parmi elles, Doga Dernegi, Amazon Watch, International Rivers, RiverWatch, Gota D’água (Goutte d'Eau), Instituto Socioambiental et Movimento Xingu Vivo para Sempre.

 

Plus d'informations :       

Un kit de presse (en anglais) est disponible, proposant un résumé de la problématique des barrages, et un focus sur les cas de Belo Monte et Ilisu.

Les intervenant du sommet sont disponibles pour des interviews. Leur biographie résumée se trouve sur le site : www.damocracy.org

Damocracy est produit par Doga Dernegi (BirdLife Turquie), en collaboration avec les autres membres fondateurs du mouvement Damocracy : Amazon Watch, International Rivers, RiverWatch, le mouvement Gota D’água (Goutte d'Eau), Instituto Socioambiental (ISA) et Movimento Xingu Vivo para Sempre (MXVPS).

Pour voir le documentaire : www.youtube.com/DamocracyTV

www.damocracy.org
www.amazonwatch.org

 


Par Caroline Bennett et Christian Poirier - Amazon Watch / Traduit de l'anglais par Mathieu Bonnet

Date de l'article : 17/05/2013

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