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Les indigènes lancent une nouvelle occupation du site de Belo Monte

Les indigènes lancent une nouvelle occupation du site de Belo Monte

Source : Amazon Watch, International Rivers, CIMI
Les tribus des fleuves Xingu et Tapajós s’unissent pour protester contre les violations du droit à la consultation préalable à la construction de barrage en Amazonie. Altamira, Brésil – Environs 200 indigènes touchés par la construction d'immenses barrages hydroélectriques en Amazonie ont lancé aujourd’hui un mouvement d’occupation sur l’un des principaux sites de construction du complexe du barrage de Belo Monte, sur le fleuve Xingu en Amazonie brésilienne.

Le groupe demande l’application par le gouvernement brésilien de lois effectives sur la consultation préalable des indigènes au sujet de projets qui touchent leurs terres et leurs moyens de subsistance. Devant l’absence de la dite consultation préalable, ils demandent la suspension immédiate de la construction, des études techniques et des opérations policières reliées aux barrages le long des fleuves Xingu, Tapajós et Teles Pires. Des forces spéciales de la police militaire attendaient les manifestants indigènes à leur arrivée sur le site du barrage, mais elles ont été incapables d’empêcher l’occupation.

© Ruy Sposati


 

Les contestataires indigènes incluent des membres des tribus Juruna, Kayapó, Xipaya, Kuruaya, Asurini, Parakanã et Arara du fleuve Xingu, ainsi que des guerriers Munduruku, une ethnie vivant dans le voisinage du bassin du fleuve Tapajós. Les indigènes ont été rejoints par des pêcheurs et autres membres des communautés riveraines locales voisines du Xingu. Des rapports préliminaires indiquent qu’environs 6 000 ouvriers de l’un des principaux sites en construction de Belo Monte, Pimental, ont cessé les activités, ceci dû aux protestations. La fin de l’occupation, selon les communautés indigènes, n’est pas envisagée, à moins que le gouvernement fédéral ne satisfasse leurs demandes.

« Notre forêt et notre rivière sont un des derniers héritages naturels du Brésil. Il est triste de penser : pourquoi y a-t-il autant de barrages planifiés, et seulement une seule rivière ? » a déclaré Saw Exebu, le porte-parole du chef des Munduruku. « Nous ne voulons pas que ceci arrive à nos terres. Nous ne voulons pas que des barrages soient construits dans notre domaîne, le Tapajós ».

Foto: Ruy Sposati/Imprensa CimiLes actions d’occupation du complexe du barrage de Belo Monte et de mobilisation contre d’autres barrages d’Amazonie sont devenues de plus en courantes. La construction du Belo Monte a été interrompue au moins à sept occasions durant l’année écoulée, ceci dû aux actions des communautés indigènes et des pêcheurs concernés, pour attirer l’attention sur les manquements du consortium de construction de barrages Norte Energia et des agences gouvernementales aux exigences environnementales et sociales du projet. Le 21 mars dernier, environs 100 indigènes, habitants des berges (ribeirinhos) et des petits agriculteurs ont expulsé des ouvriers et occupé le site Pimental, géré par le Consortium de Construction de Belo Monte (CCBM). De plus, de récentes grèves et protestations des des ouvriers du barrage ont créé des troubles supplémentaires sur les sites de construction de la CCBM.

Les indigènes Munduruku et d’autres communautés locales se sont mobilisés contre un déferlement – plus d’une douzaine – de constructions prévues de barrages géants aux environs du fleuve Tapajós et de ses principaux affluents, le Teles Pires, le Juruena et le Jamanxim. Le UHE Teles Pires, un des plus importants barrages en construction, a fait l’objet de poursuites judiciaires par les Procureurs Fédéraux pour absence de consultations préalables auprès des indigènes Kayabi, Apiaká et Munduruku. Au cours des dernières semaines, des entrepreneurs de barrage ont retiré des urnes funéraires Munduruku aux rapides de Sete Quedas, considéré comme site sacré pour les tribus indigènes, ce qui a provoqué un énorme scandale.

En mars dernier, la présidente Dilma Rousseff a signé le décret n°7957/2013 autorisant le recours à la garde nationale ou à d’autres forces armées pour garantir que la construction des barrages tels que Belo Monte et les études techniques pour d’autres barrages amazoniens ne soient pas interrompues par les contestataires indigènes. En avril, suite à une requête du Ministère des Mines et de l’Énergie, environs 250 policiers militaires et fédéraux ont été dépêchés dans la région du Tapajós, afin de garantir la poursuite des études techniques pour la construction des deux premiers grands barrages planifiés, São Luiz do Tapajós et Jatobá. L’opération militaire répondait à des protestations de la part de membres des Munduruku, dont les terres traditionnelles seraient directement affectées par les deux grands barrages, et qui ont déjà souffert d’opérations militaires sur leurs terres dans le passé.

« Les protestations d’aujourd’hui démontrent la ténacité de la résistance d’un groupe croissant de personnes unies contre Belo Monte, Tapajós et autres barrages destructifs tout au long de l’Amazonie », a déclaré Leila Salazar-Lopez, directrice de programme d’Amazon Watch. « Ce sont les dernières occasions de changer le cap, alors que les constructions s'accélèrenet sur le Xingu et les autres fleuves qui protègent encore l'Amazonie ».

 


 

 

Déclaration officielle des indigènes des fleuves Xingu et Tapajós
(traduction française)

Nous sommes les hommes et les femmes qui vivent au bord des fleuves sur lesquels vous voulez construire des barrages. Nous sommes Munduruku, Juruna, Kayapó, Xipaya, Kuruaya, Asurini, Parakanã, Arara, pêcheurs et riverains. Nous sommes de l’Amazonie et nous voulons qu’elle reste debout. Nous sommes Brésiliens. La rivière est notre supermarché. Nos ancêtres sont plus anciens que Jésus Christ.

Vous êtes en train de pointer des armes sur notre tête. Vous investissez nos territoires avec des soldats et des camions de guerre. Vous faites disparaître le poisson. Vous volez les os de nos ancêtres qui sont enterrés dans nos terres.

Vous faites cela car vous avez peur de nous entendre. D’entendre que nous ne voulons pas de barrage. De comprendre pourquoi nous ne voulons pas de barrage.

Vous inventez que nous sommes violents et que nous voulons la guerre. Qui tue nos proches ? Combien de blancs sont morts, et combien d’indigènes sont morts ? C’est vous qui nous tuez, de manière rapide ou lente. Nous sommes en train de mourir et chaque barrage tue un peu plus. Et quand nous essayons de parler, vous apportez tanks, hélicoptères, soldats, mitrailleuses et fusils paralysants.

Ce que nous voulons est simple : vous devez soutenir une loi qui règlemente la consultation préalable des peuples indigènes. En attendant, vous devez stopper les activités de construction et d’étude, et les opérations policières sur les abords des fleuves Xingu, Tapajós et Teles Pires. Et ensuite vous devez nous consulter.

Nous voulons dialoguer, mais vous ne nous laissez pas nous exprimer. C’est pour cela que nous occupons les lieux de vos constructions. Vous devez arrêter tout et simplement nous écouter.

Vitória do Xingu (PA), 2 mai 2013.

 


© CIMI / Ruy Sposati - traduit de l'anglais par Virginie Schmetz 

Date de l'article : 02/05/2013

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