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Brésil : la police expulse les occupants de l'ancien Musée de l'Indien à Rio

Brésil : la police expulse les occupants de l'ancien Musée de l'Indien à Rio

Une centaine de policiers du bataillon de choc ont expulsé de force, vendredi 22 mars, peu après midi, une trentaine d'Indiens et de sympathisants qui occupaient depuis près de sept ans le Musée de l'Indien. | REUTERS/PILAR OLIVARES

Source : Le Monde
Le musée a fait de la résistance. Il vient de tomber sous l'action brutale de la police de Rio de Janeiro. Une centaine de policiers du bataillon de choc ont expulsé de force, vendredi 22 mars, peu après midi, une trentaine d'Indiens et de sympathisants qui occupaient depuis près de sept ans cette vielle et imposante bâtisse, autrefois surnommée le Musée de l'Indien et jouxtant le stade Maracana, où sera jouée la finale de la prochaine Coupe du monde 2014.

Le musée a fait de la résistance. Il vient de tomber sous l'action brutale de la police de Rio de Janeiro. Une centaine de policiers du bataillon de choc ont expulsé de force, vendredi 22 mars, peu après midi, une trentaine d'Indiens et de sympathisants qui occupaient depuis près de sept ans cette vielle et imposante bâtisse, autrefois surnommée le Musée de l'Indien et jouxtant le stade Maracana, où sera jouée la finale de la prochaine Coupe du monde 2014.

"USAGE D'UNE FORCE NON NÉCESSAIRE"

Après des heures de face à face tendu, les forces de l'ordre sont intervenues alors qu'une partie des occupant de l'édifice, abandonné en 1977, lorsque le Musée des Indiens a été transféré dans le quartier résidentiel de Botafogo, avaient accepté de quitter les lieux en échange d'un terrain au nord de la ville. La police - près de 250 hommes mobilisés, trois blindés et un hélicoptère - a rapidement dispersé la petite foule avec des gaz lacrymogènes et des grenades sonores. Plusieurs personnes ont été arrêtées. Devant les micros des journalistes présents, le député Marcelo Freixo, député d'extrême gauche et connu pour avoir créé une commission législative sur les milices en 2008, a déploré, les yeux rougis par les gaz, l'"usage d'une force non nécessaire".

La veille, un ultimatum avait été lancé par les autorités de Rio exigeant une évacuation immédiate de l'immeuble et ses alentours. Trois lieux de relogement avaient été proposés par les services sociaux de l'Etat, un terrain à Jacarepagua (zone ouest), une ère près de l'avenue Visconde de Niteroi et un espace non loin de la colline du Christ Rédempteur (zones nord).

Centre de toutes les attentions depuis plusieurs mois, l'immeuble fut construit au XIXe siècle par le duc de Saxe et léguée à sa mort à la "cause indigène". Après 1977, le bâtiment fut cédé, du moins sur le papier, au ministère de l'agriculture.

En 2006, l'immeuble a été occupé par un groupe d'Indiens de différentes ethnies dont l'ambition était de transformer l'espace en centre culturel et lieu d'échanges. Une action collective menée par une vingtaine de familles Tukano, Pataxo, Guajajara, Guarani ou Kaingang, parfois à demeure ou de passage, installés dans les petits baraquements de fortune, dressés au pied de l'édifice délabré. Pour de nombreux sympathisants, l'ancien Musée évoquait également la mémoire de la tribu indienne "Maracana", une des ethnies originelles de la région.

LA COUPE DU MONDE ET LES CONVOITISES

Avec la désignation en 2007 du Brésil comme pays organisateur de la Coupe du monde, la maison des Indiens s'est soudainement retrouvée l'objet d'importantes convoitises. Idéalement placé, en face de la porte 13 du stade mythique et arrimé, à son autre extrémité à la station Sao Cristovao, l'espace s'est invité à la table des promoteurs. Avec son lot de confusion et imbroglio judiciaire.

A lire : Maracana, le stade de la démolition

Révélatrices des pressions et tergiversations des autorités locales, les rumeurs se sont multipliées. L'immeuble devait être rasé pour en faire un parking, pour faire place à un pont reliant le stade au métro, ou pour bâtir un centre commercial consacré au sport. On évoqua même le rachat de la maison par le milliardaire brésilien Eike Batista.

Le 15 janvier 2013, plusieurs centaines de personnes étaient déjà venus manifester contre l'intervention de la police venue déloger les familles indiennes. Une opération qui avait alors tourné court. La veille, un avocat du parquet avait déposé un recours en justice exigeant la présentation d'un ordre écrit d'expulsion pour entrer dans l'édifice.

"LE BÂTIMENT NE POSSÈDE AUCUNE VALEUR HISTORIQUE"

Peu avant, le maire de Rio, Eduardo Paes, avait donné son accord en faveur de la destruction de l'immeuble, passant outre le rapport du conseil du patrimoine. Il avait affirmé vouloir ainsi "donner la priorité au développement urbain soutenu autour du Maracana". Le gouverneur de l'Etat, Sergio Cabral avait enfoncé le clou : "L'endroit deviendra une aire de circulation pour les personnes, c'est une exigence de la FIFA [Fédération internationale de football] et du Comité d'organisation local. Vive la démocratie, mais le bâtiment ne possède aucune valeur historique, il sera détruit."

Le 16 janvier, la FIFA a démenti exiger la démolition de l'ancien musée. Quelques jours après, ce fut au tour de la ministre de la culture, Marta Suplicy, d'entrer en scène. Publiquement, cette proche de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé qu'elle souhaitait la préservation du bâtiment. De fait, M. Cabral a renoncé à démolir le bâtiment.

L'édifice devrait désormais être transformé en boutique du complexe sportif Maracana avec une partie consacrée à un musée olympique. Les autres bâtiments autour du stade seront démolis pour permettre " une meilleure circulation des spectateurs ". L'ancien musée sera restauré d'ici à 2014, selon les autorités. Une promesse vide, selon de nombreux manifestants.


© Le Monde - Nicolas Bourcier : article original 

Date de l'article : 23/03/2013

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