Belo Monte :
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Raoni achève son dernier voyage

Raoni achève son dernier voyage

Le chef Raoni à l'Elysée le 29 novembre. | Photo Gonzalo Fuentes / Reuters

Source : Paris match (parismatch.com)
«Je suis fatigué, je fatigue.» C’est un guerrier épuisé qui s’est présenté aux journalistes à Paris, ce 13 décembre. Au centre d'accueil de la presse étrangère, Raoni Metuktire, qui se bat depuis quatre décennies pour sauver sa forêt amazonienne et les peuples indigènes qui y vivent, a confirmé que cette tournée serait sa dernière.

Ce célèbre cacique de la tribu Kayapos, âgé approximativement de 80-82 ans, a été reçu par plusieurs responsables européens, dont le président français François Hollande le 29 novembre, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, hier. Très posément, au côté de son neveu Megaron Txucarramae qui lui sert de traducteur entre le portugais et le kayapo, le chef tribal se dit satisfait de l’accueil qu’il a reçu. «J’ai été entendu, écouté, déclare-t-il. Je crois qu’ils ont reçu le message que je suis venu leur transmettre.»

Ce message, celui qu’il répète en boucle depuis des années, faisant de lui l’Indien le plus célèbre du monde, est le suivant: il est «inquiet pour la forêt et le fleuve» Xingú, dans l'État du Pará au Brésil, à cause «de la déforestation et de la construction du barrage» hydroélectrique Belo Monte, ce projet entamé en 2005, et dont la concrétisation a débuté en janvier dernier. «Mon peuple et tous les autres sont inquiets. (…) Il faut arrêter tout cela. C’est important pour nos enfants, pour les générations futures.» Son rêve? «Que les Indiens et les Blancs se respectent mutuellement, pour vivre ensemble sans problème.» Et de conclure son introduction par son traditionnel: «Je vous embrasse tous.» Interrogé sur les détails de sa rencontre avec François Hollande, le chef Raoni explique lui avoir notamment demandé de transmettre son message à la présidente brésilienne Dilma Rousseff, qui a justement été reçue par le chef d’Etat français mardi à l’Elysée, avant d’ouvrir ensemble le Forum du progrès social ce mercredi. «Il m’a promis» de le faire, se réjouit-il, ajoutant qu’il aimerait lui aussi «la rencontrer et discuter avec elle à (son) retour au Brésil».



(Raoni Metuktire, Megaron Txucarramae, Bemoro Metuktire et Gert-Peter Bruch à l'Elysée. Photo Reuters)

«Nous sommes tous responsables!»

Gert-Peter Bruch, président de l’association Planète Amazone, à l’origine de cette campagne européenne «Urgence Amazonie»*, confirme que l’un des principaux objectifs actuels est de «renouer le dialogue avec le gouvernement brésilien, qui claque jusqu’à présent la porte aux populations autochtones». «Cette campagne, politique, a permis à la tribu Kayapos d’avoir un écho international. Mais ce qui n’est pas normal, c’est qu’ils (les indigènes) soient plus écoutés à l’extérieur de leur propre pays», souligne le militant. «Il y a encore beaucoup de travail», soupire-t-il, regrettant le peu de résultats concrets alors que Raoni «voyage depuis 25 ans en Europe et dans le monde». Par la même occasion, Gert-Peter Bruch rappelle que «nous contribuons tous à la déforestation, et donc à la violation des droits des indigènes» à cause de nos mauvaises habitudes de consommation, comme par exemple lorsque l’on achète du bois illégalement importé en Europe. D’où l’importance de «responsabiliser les responsables européens, afin qu’ils ne nous impliquent pas» dans ce cercle vicieux et cessent de financer des projets qui participent à la déforestation. D’autant que «l’on ne peut pas trop compter sur les autres continents pour avoir cette conscience écologique», déplore le jeune homme. «Les Etats-Unis ne ratifient jamais les traités, l’Afrique a d’autres priorités, et l’Asie n’en parlons pas», résume-t-il

«Nous sommes tous responsables, renchérit Megaron Txucarramae. On vient de très loin pour vous transmettre ce message, même si la déforestation se passe très loin de chez vous.» Il nous fait ensuite visionner une vidéo sur les heurts qui ont eu lieu le 7 novembre dernier entre l’ethnie Munduruku, dans le Nord du Brésil, et les autorités locales. Alors que la police environnementale avait été chargée d’enlever les «fazendeiros» -les chercheurs d’or-, sur les terres indiennes, un conflit a éclaté entre les deux camps, et des violences ont été commises par la police fédérale, y compris sur des femmes et des enfants, selon ses dires. «Un guerrier a été tué et deux grièvement blessé», indique-t-il, insistant sur le fait que cette «triste situation» est la même chez d’autres ethnies, comme les Guarani Kaiowá, chez qui le «taux de suicide est très élevé». Le leader Kayapo, désigné par son oncle pour prendre sa succession avec deux autres de ses neveux, montre, sur une carte, l’ère qu’il souhaiterait leur voir réservée: un territoire de 180 000 kilomètres carrés, où vivent 7000 personnes, réparties en 35 villages. Alors que la déforestation gagne du terrain, Gert-Peter Bruch est par ailleurs heureux d’annoncer la bonne nouvelle reçue ce matin: la construction d'un village dans le territoire menacé de Kapot-Ninhore, qui établira une présence permanente pour la surveillance et la protection de cette zone, est aujourd’hui entièrement financée grâce à la générosité des donateurs français. Prochaine étape: aller devant l’ONU pour faire valoir leurs droits de vivre à leur manière et selon leurs coutumes. Mais ce rendez-vous n’est pas encore fixé.

* soutenue par l'ONG américaine Amazon Watch, la ­Fondation ­Nicolas Hulot et la Société des Peuples Menacés (suisse).


© www.parismatch.com - Marie Desnos : lien vers l'article original 

Date de l'article : 13/12/2012

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