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Les Niortais remettent 17.000 E au chef Raoni

A son arrivée, les salons d'honneur de l'hôtel de ville de Niort se sont drapés d'un silence de cathédrale. L'apparition hier matin du chef indien Raoni, ce petit bonhomme à la lèvre hypertrophiée par le rite, coiffé de son auréole de plumes jaunes, a impressionné lycéens, collégiens et écoliers du conseil municipal des enfants réunis pour le recevoir. (>> voir la vidéo)

 " Sans la forêt, nous disparaîtrons "

De sa voix aigre douce, des claquements exotiques du kayapo, sa langue natale traduite vers le portugais puis en français, le cacique aujourd'hui âgé de 82 ans a redit combien il est urgent de sauver la terre qui l'a vu naître, cette forêt amazonienne grignotée par les pelleteuses, menacée par le mercure des orpailleurs, déchiquetée pour les planteurs de sojas…
« Pour vivre, a-t-il expliqué à son jeune auditoire, l'homme blanc élève du bétail. Mais nous, nous vivons grâce à la forêt qui nous permet de chasser et à la rivière qui nous permet de pêcher. Sans cela, nous allons disparaître. »
Invités à poser leurs questions au chef indien, les élèves lui ont présenté une forêt de doigts levés et impatients de savoir.
« Comment participons-nous, ici, en France, à la déforestation en Amazonie ? », l'a questionné l'un d'eux. « En mangeant de la viande, par exemple, a répondu Gert-Peter Bruch, vice-président de Planète Amazone, l'association qui porte le combat de Raoni, parce qu'en France, le bétail est nourri avec du soja – souvent transgénique – cultivé en Amazonie. En achetant, aussi, certains bois dont la provenance est illégale. Ou en consommant des produits contenant de l'huile de palme… Bref, sans que vous le sachiez, on vous rend complice de la déforestation. »

Besoin de tous

« Oui, c'est un combat difficile », a commenté Geneviève Gaillard. Qui s'est tournée vers les jeunes Niortais : « C'est pourquoi nous avons besoin de vous ».
Après une seconde rencontre dans l'après-midi, « le prince de l'anti-déforestation » – comme l'a résumé la députée-maire –, a quitté Niort avec un chèque de 17.000 €, total des dons consentis à sa fondation par la Ville, la Can, le conseil général des Deux-Sèvres, le conseil régional, Agenda 21, le Parc interrégional du Marais poitevin, les mutuelles MAAF, Macif et MAIF.

nr.niort@nrco.fr

en bref

> Les larmes de Geneviève Gaillard. La journée d'hier aura été très riche en émotion pour la députée-maire Geneviève Gaillard. « Je suis très émue », soufflait-elle dès hier matin en sortant sur le perron de l'hôtel de ville pour accueillir Raoni à son arrivée. Plus tard, lorsque le cacique lui a offert le bracelet qu'il portait, elle l'a remercié d'une voix tremblante. Et elle a carrément retenu ses larmes au moment de l'au-revoir.
> Cyberpétition contre le barrage. Raoni a aussi rappelé qu'il lutte contre la création du barrage du Belo Monte. La pétition qu'il a lancée sur le site internet raoni.com compte déjà 400.000 signatures.

© La Nouvelle République / Emmanuel Touron : lien vers l'article original