Belo Monte :
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Le Cacique RAONI rencontre les lecteurs du journal METRO : "Protéger la forêt serait bon pour le futur"

Le Cacique RAONI rencontre les lecteurs du journal METRO :

Le cacique Raoni Mektutire, âgé de 82 ans, était lundi matin à Metro dans le cadre d'une tournée européenne pour la protection de la forêt et de son peuple kayapo. Photo : Zoe Ducournau/Metro

Source : Métro
FACE AUX LECTEURS DU JOURNAL METRO - Lors de sa tournée européenne, le cacique kayapo Raoni Mektutire est venu à la rencontre de Metro. Il a évoqué ses combats contre la déforestation, la construction du barrage de Belo Monte et pour la préservation des terres indigènes.

Le cacique Raoni avait effectué en 1989 une tournée mondiale avec Sting, pour alerter sur la destruction de la forêt amazonienne. Il a lutté en première ligne contre la construction du barrage géant de Belo Monte, sur le fleuve Xingu. Aujourd'hui âgé de 82 ans, il revient en France et en Europe pour achever son combat contre l'accaparement de ses terres. Accompagné de son neveu et de son-petit-fils, le chef kayapo a répondu lundi aux questions de quatre lecteurs de Metro.

Caroline, 36 ans, documentaliste :
Vous avez entamé un combat il y a plus de trente ans. Où en êtes-vous aujourd'hui?

Raoni : J'ai beaucoup combattu et je continue à m'inquiéter du déboisement de la forêt amazonienne. Je suis revenu pour transmettre ma préoccupation et reparler de la démarcation de nos terre : tant que je n'aurai pas réussi à délimiter cette zone, où vivent les Indiens, je ne serai pas tranquille. Le territoire de Khapot-Nhinore, où sont enterrés nos ancètres, n'est pas intégré à nos terres.

Avec tous les gouvernements brésiliens précédents, je pouvais parler de nos problèmes, mais la dernière (Dilma Roussef, ndlr) ne le permet pas : je n'ai accès qu'à ses ministres. Nous leur demandons de ne pas appliquer l'ordonnance 303, qui permet au gouvernement de faire des travaux, construire des barrages ou des routes et exploiter des mines dans les terres indigènes sans consulter les indiens.

Chloé, 25 ans, comédienne :
Avez-vous choisi un successeur?

Il y a longtemps que je lutte, en suivant les orientations de mon père, pour que les Indiens respectent les Blancs, et les Blancs les Indiens. Je travaille depuis longtemps avec mon neveu Megaron. Je lui passe le relais à lui, et à mon petit-fils Bemoro, pour qu'ils continuent à défendre mon peuple et à préserver la forêt.

Cyril, 43 ans, technicien télécom :
Comment financez-vous votre lutte ?

Raoni : Parfois, je reçois des moyens de l'extérieur : des ONG apportent des fonds pour soutenir notre lutte, aux Etats-Unis, au Japon, ici-même en Europe. Mais nous revenons ici pour lever à nouveau des fonds (via www.raoni.com), car ce combat est coûteux.

Cyril : La crise économique réduit-elle ces dons?
Megaron : mon oncle Raoni ne peut pas répondre à cette question, car il ne sait pas ce qu'est une crise ! Mais on remarque que les ONG manquent de moyens pour nous aider. Par exemple, nous voulons réunir tous les chefs indiens pour produire un document commun afin que le gouvernement nous respecte, mais nous habitons trop loin les uns des autres.

Chloé : De grandes personnalités (Sting, le Prince Charles, Nicolas Hulot, James Cameron) soutiennent votre action. Mais comment vous aident-ils au-delà de l'image?
La première fois que nous sommes venus en France, Sting et moi, nous avons rencontré François Mitterrand pour parler de la démarcation des terres indigènes. Il nous a aidés, cela a été fait. Je suis revenu parler à Chirac, et encore cette fois-ci avec François Hollande. Il m'a assuré qu'il allait nous aider. Mais c'est à vous maintenant d'exiger qu'il le fasse, car je ne pourrai pas rester ici tout le temps.

Stéphane, 51 ans, architecte :
De grands groupes industriels convoitent vos territoires (comme Alstom, qui investit dans le barrage de Belo Monte). Ressentez-vous des pressions de leur part?
Je suis très inquiet de ce "progrès", au nom duquel se font les grands déboisements, les routes, les barrages. Les grandes entreprises ne font pas pression sur nous, mais sur le gouvernement et le parlement. Ils veulent changer la constitution qui donne des droits aux terres indigènes.

Cyril : Comment faire comprendre qu'il vaut mieux préserver la forêt que l'exploiter?
C'est dommage que le monde entier ne puisse pas voir notre forêt. Nous, les indiens, n'épuisons jamais la nature comme le Blanc le fait. Pourtant, protéger la forêt serait bon pour le futur : il y a beaucoup de médecine traditionnelle par exemple, que nous pouvons utiliser, alors que déboiser pour planter du soja ou élever des boeufs abîme la forêt.

Chloé : Combien êtes-vous et comment vivez-vous?
Cela dépend des ethnies. Nous, les Kayapos, avons plusieurs grands territoires. Il n'y a pas de décompte officiel, mais nous sommes environ 7 000. Les hommes chassent et pêchent. Les femmes font de la cueillette. En plus de travailler, nous organisons aussi des fêtes traditionnelles, où on danse et on chante.

Chloé : Mais certains parlent le portugais, vont à l'école?
Megaron : Le premier à rencontrer des Blancs et à apprendre le portugais a été mon oncle Raoni, puis moi, quand j'avais 14 ans. Maintenant, il y a des écoles. J'ai aussi aidé plusieurs enfants à étudier en ville. Ils ont appris à lire et écrire, à utiliser les nouvelles technologies et reviennent ensuite travailler dans les villages. Beaucoup d'Indiens savent manier Internet. Mon fils ou ma fille, peuvent contacter le monde entier.
Bemoro (petit-fils de Raoni): Nous pouvons évoquer nos combats sur Internet. Grâce au traducteur Google, certains croient même que je parle français !

Caroline : Vous arrivez à Paris, juste avant Noël, dans une ambiance de surconsommation. Comment ressentez-vous notre mode de vie?
Ce sont vos traditions à vous. Nous n'avons pas ces coutumes, donc je ne m'en occupe pas. Moi aussi, dans mon village, quand arrive une fête, je suis obligé de courir partout. Il faut de la nourriture, des décors. C'est toujours pareil, quand il y a des fêtes, on s'agite pour de petites choses.


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© Metro / lien vers l'article original

Raoni Metuktire dans les locaux de Metro lundi matin avec son neveu, Megaron Txcarramae (à g.), et son petit-fils,Bemoro Metuktire (à dr.), qui prendront sa succession. Photo : Zoe Ducournau/Metro

 

Le cacique Raoni et les deux chefs qui l'accompagnent ont répondu aux questions de nos lecteurs. De gauche à droite, Chloé, Cyril, Caroline et Stéphane. Photo : Zoé Ducournau/Metro

Date de l'article : 03/12/2012

Auteur de l'article : Gert-Peter BRUCH

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