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Raoni en France : les chefs qu'on mérite

Raoni en France : les chefs qu'on mérite

© John Van Hasselt

Source : Sud-Ouest
Cet homme, à gauche sur l'image, dont la coiffure de plumes jaunes et le plateau labial, ou labret, avaient estomaqué le monde en 1989, lors de ses premières apparitions en compagnie du chanteur Sting, est Raoni Metuktire, chef légendaire des Indiens Kayapós. Ce peuple compte environ 7 000 individus, répartis en 15 villages de la forêt amazonienne, dans les États du Mato Grosso et du Para, au Brésil.

Nul ne sait précisément en quelle année Raoni a vu le jour. C'était probablement au début des années 1930, peut-être en 1932, ce qui lui fait dans les 82 ans. Au lieu de jouir d'une retraite largement méritée, Raoni reprend du service. Une fois encore, il parcourt le monde des « kuben » (les Blancs) pour défendre les tribus autochtones et la forêt amazonienne gravement mise en danger par la déforestation anarchique, la pollution des chercheurs d'or, le développement de l'agriculture et les barrages hydroélectriques. C'est, d'ailleurs, le projet de barrage de Belo Monte, sur le rio Xingu, un affluent de l'Amazone, qui le ramène en Europe.

Sur le perron de l'Élysée, l'image du vieux chef coiffé de ses plumes d'ara en compagnie d'un de ses fils (plumes jaunes) et de son neveu Megaron Txucarramãe (plumes vertes et chemise turquoise au second plan) constitue une bouffée d'air frais bienvenue dans un moment où flotte sur la vie politique française une singulière odeur de renfermé. Raoni ignore superbement tout ce qui peut ressembler à des ambitions personnelles, des stratégies électorales et des manœuvres politiciennes. Il n'a qu'un seul et unique souci, la survie de son peuple et la préservation de ses modes de vie. Son labret, qui est une marque de reconnaissance des guerriers, le proclame : celui qui le porte est prêt à mourir pour sa terre.

La présence de ces hommes dont les us et coutumes sont éloignés de notre époque par des centaines de générations apparaît à la fois attristante et euphorisante. Attristante, parce que son retour montre que les promesses ne sont pas véritablement tenues : pour répondre à nos demandes en bois précieux, la déforestation de l'Amazonie se poursuit. Mais la présence de Raoni possède aussi quelque chose d'euphorisant, parce que les peuples autochtones sont porteurs d'un rêve d'harmonie avec la nature. Ils sont notre part d'enfance et c'est peut-être pour cette raison que le visage de François Hollande rayonne d'un sourire embrumé et attendri.

Entre les deux Kayapós, il doit retrouver l'enfant qu'il a été, quand son imagination battait la campagne et qu'il rêvait, comme nous l'avons tous fait, à des mondes lointains, pleins de couleurs, de plantes bizarres et d'animaux étranges. Quand le chef Raoni se déplace, il emmène toute sa forêt avec lui.


 

© Sud-Ouest / Anne Pourrillou- journiac

Date de l'article : 02/12/2012

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