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Aux citoyens du monde : NOUS SOMMES TOUS GUARANI- KAIOWÁ

Aux citoyens du monde : NOUS SOMMES TOUS GUARANI- KAIOWÁ

Source : ihu.unisinos.br
« Ce cri résonne au Brésil et dans le monde. Une campagne se répend sur les réseaux sociaux, en écho au génocide et á la violence contre les peuples Guarani Kaiowá dans le Mato Grosso do Sul. Le 29 octobre, une délégation de ce peuple s'est rendue à Brasilia pour des débats, des mobilisations, avec le soutien d'une partie de la presse, d'organismes gouvernementaux et non-gouvernementaux alliés à cette cause. C'est un moment de grande importance pour la lutte de ce peuple pour ses droits. Transformons cette indignation et cette réaction nationale en actions effectives pour la garantie des droits indigènes », écrit Egon heck, du CIMI-MS (Conseil Indigéniste Missionnaire du Mato Grosso do Sul) dans l'article que nous publions ci-après.

Une intense campagne est née et circule sur les réseaux sociaux et dans les rues. C'est le Brésil et le monde qui prend conscience d'un drame séculaire. Aujourd'hui, cette  campagne est renforcée par d'importants alliés, et gagne plus de visibilité avec les propositions d'adhésion de la Commission des Droits de l'Homme de la Chambre des Députés, de la Commission de l'Amazonie, entre autres. Elle obtient plus d'espace et de visibilité avec une interview collective online du Conseil National de Psychologie.  Elle s'exprimera dans les rues avec une manifestation sur l'esplanade des ministères.

Nous sommes tous, et seront tous un peu plus Guarani Kaiowá, citoyens brésiliens et citoyens de la planète terre, dans la mesure où notre émotion indignée par les violences institutionalisées et les morts annoncées se transformera en actions pour exiger le respect des droits de l'homme et de la nature. Quelle merveille si de cette campagne émerge un pays un peu plus juste, avec la reconnaissance et la démarcation des terres des Guarani et de tous les peuples indigènes du pays.


Session historique
Le "Planalto" du pouvoir ne pourra plus continuer muet et inactif alors que cette tornade passe (Le planalto - plateau du Brésil central où fut construit la capitale féderale Brasilia - désigne le centre du pouvoir politique brésilien. NDT). La ministre des Droits de l'Homme, Maria do Rosário, a mis à l'ordre du jour de la 213º session extraordinaire, la situation des Guarani Kaiowá, avec la présence d'une délégation indigène de ce peuple. Étaient aussi présents les membres de la Commission Spéciale Guarani Kaiowá créée par cette instance gouvernementale. Parmi les indigènes, se trouvaient les représentants des communautés victimes de violences et de conflits : Lide Lopes de Pyelito Kue, Jenilton de la tekohá Guayviry (tekohá est un mot guarani signifiant littéralement " le lieu où l'on peut vivre de notre manière" - NDT), fils du chef Nisio Gomes assassiné il y a près d'un an, Dionisio de Arroio Korá, une communauté qui est en train de reprendre une partie de ses terres déjà homologuées et sous une forte pression et la violence de "pistoleiros".

D'autres leaders importants du mouvement indigène, tel Lindomar du peuple Terena qui a relaté la grave situation du peuple Kadiwéu du Mato Grosso do Sul sur lequel pèse aussi une menace d'expulsion bien que leur terre soit déjà démarquée, homologuée et reconnue. C''est une insécurité juridique absurde, car si cela se produit avec des terres régularisées, on imagine ce qui peut se produire avec les autres terres indigènes. Tout cela a été stimulé par l'ordonnance 303 de l'AGU (Advocacia geral da União - instance juridique chargé du conseil et de la défense des intérêts du pouvoir - NDT). Dans les prochains jours est prévu le jugement par le STF (Tribunal Suprème Fédéral) d'un recours qui pourrait mettre fin à cette situation. Il est a remarquer que la décision de la 3º Région de la Justice Fédérale est favorable à la permanence des Indiens de Pyelito Kue, mais de manière honteuse. "Comment deux cents Indiens peuvent survivre sur un hectare de terre ?"

L'arrivée du ministre de la Justice et de la délégation Guarani Kaiowá a été applaudie. La presse était présente, avide de nouveauté.

La ministre des Droits de l'Homme a insisté sur l'importance que les peuples indigènes représentent pour le Brésil, et par conséquent pour le gouvernement, raison pour laquelle ce ministère ne pouvait omettre de réaliser cette réunion de coopération et de travail sur cette cause. Le ministre de la Justice a pris la peine d'annoncer les mesures concrètes prises par le gouvernement : engagement à casser l'injonction provisoire d'expulsion, ce qui fut annoncée peu après, renforcement de la présence policière avec un contingent plus important de la police fédérale et de la force nationale dans la région et des mesures pour activer les processus de démarcation des terres indigènes dans la région du Mato Grosso do Sul. Il a également affirmé que dans un délai de trente jours serait publié un rapport sur la terre indigène de Pyelito Kue. Il a ajouté que c'était la volonté expresse de la présidente Dilma que la Constitution soit respectée et que soient prises toutes les mesures possibles pour que soient régularisées les terres des Guarani Kaiowá.

M. Eugenio Aragão, qui préside la Commision spéciale Guarani Kaiowá, a déploré que le gouvernement n'agisse que lorsque des catastrophes se produisent, quand nous sommes au bord du gouffre. Il a rappelé que bien que 91% des terres indigènes soient déjà démarqués, ce qui reste sont les zones les plus difficiles, les plus mauvaise terres. Dans ces régions en particulier, les populations indigènes continuent à être considérées comme une gène et une entrave au progrès. Il a estimé que ce serait le moment d'évaluer les erreurs du gouvernement vis à vis de la régularisation des terres indigènes. Il a indiqué qu'il était urgent de trouver une solution à la question foncière, faute de quoi, le génocide continuerait avec l'alimentation de la haine et de la rancoeur contre ce peuple indigène.

Marta Azevedo, la présidente de la Funai (Fondation Nationale de l'Indien), de manière émouvante et s'exprimant parfois en Guarani, a réaffirmé son engagement vis à vis de ce peuple, et a expliqué qu'elle avait accepté ce poste afin de contribuer directement à la conquête des droits des Gaurani Kaiowá. Elle a admis que les difficultés pour faire avancer les processus de démarcation sont énormes, mais qu'elle avait obtenu quelques engagements, tels celui des anthropologues des 6 groupes de travail qui ont promis de conclure et de remettre leurs rapport d'ici à la fin de l'année.
Des avancées contre le génocide

La délégation Guarani Kaiowá à Brasilia a eu un agenda bien rempli de discussions, de débats et de réunions avec les organismes des Droits de l'Homme, le Ministère Public et le Tribunal Suprème Fédéral. Les leaders indigènes estiment qu'ils sont sur la bonne voie. Ils poursuivront leur lutte pour leurs tekohá, et seront à Brasilia  lors des mobilisations prévues dans tout le Brésil pour joindre leurs forces et sensibiliser la société brésilienne et mondiale sur le génocide en cours qui détruit d'innombrables vies par une violence institutionalisée.

Ils participeront à des conférences de presse, à des manifestations publiques et aux événements  de la Chambre des Députés, tel une audience publique convoquée par la Commision des Droits de l'Homme du Sénat.

Dans tout le pays s'intensifie la mobilisation contre le génocide Guarani Kaiowá et pour les droits des peuples indigènes. Plusieurs actes publics sont prévus dans une vingtaine de villes brésiliennes, principalement des capitales d'états.

Lors d'une réunion au Centre de Défense des Droits de l'Homme, à la Chambre des Députés, présidée par la députée Erica Kokai, il a été considéré de première importance que cette campagne d'indignation nationale s'amplifie afin de réussir à coordonner des actions concrètes qui amèneront à la reconnaissance des droits de ce peuple et à la fin des violences, des injustices et du génocide en cours.


© Instituto Humanitas Unisinos / Traduit du portugais par Chico Libri

Date de l'article : 06/11/2012

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