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Conférence de l'ONU à Hyderabad - biodiversité : un plan de protection mais toujours pas d'argent

Conférence de l'ONU à Hyderabad - biodiversité : un plan de protection mais toujours pas d'argent

Source : Le Monde
La onzième Conférence des parties (COP11) de la Convention sur la diversité biologique (CDB), qui se tient du 8 au 19 octobre à Hyderabad (Inde), confirmera-t-elle le succès engrangé à Nagoya il y a deux ans ? Les 193 pays participant à la Conférence, organisée au Japon en octobre 2010, y avaient conclu un accord qualifié d'"historique". Et doté la communauté internationale - à l'exception notable des Etats-Unis, qui n'ont jamais ratifié la Convention sur la diversité biologique signée en 1992 au lendemain du Sommet de la Terre de Rio - d'une nouvelle stratégie pour la protection du vivant.

La réponse dépendra de la façon dont les différents pays parviendront à avancer sur ce qui est resté le "maillon faible" de l'accord de Nagoya : l'absence d'argent pour donner corps aux engagements. "Ce qui a été décidé à Nagoya a le pouvoir de stopper l'érosion de la biodiversité et de nous permettre de s'attaquer à ses facteurs de destruction, estime Lasse Gustavsson, directeur des programmes de conservation au WWF International. Les gouvernements doivent maintenant prouver que Nagoya n'était pas qu'une plateforme d'échange de vaines promesses."

Le Plan stratégique pour la préservation de la biodiversité à l'horizon 2020 se décline en vingt objectifs appelés "les cibles d'Aichi". Il propose notamment de réduire le rythme actuel d'appauvrissement de tous les habitats naturels (forêts, savanes, récifs coralliens, etc.). Il prévoit de porter les zones protégées terrestres à 17 % de la surface (contre 13,5 % aujourd'hui), les aires maritimes protégées à 10 % de la superficie des océans (contre 1 % actuellement) et de restaurer 15 % des écosystèmes dégradés.

LES RÉSULTATS "RESTENT APPROXIMATIFS"

Si neuf pays signataires de la convention sur dix disposent d'un plan d'action pour protéger la biodiversité, seuls quatorze ont révisé leur stratégie pour prendre en compte les cibles d'Aichi. Jusqu'à présent, les pays industrialisés sollicités pour assurer le financement avaient beau jeu d'affirmer qu'il fallait au préalable évaluer précisément les flux déjà affectés à la biodiversité et l'ampleur des besoins.

Ils ne pourront plus se retrancher derrière cet argument. Pour la première fois, à Hyderabad, des chiffres vont être mis sur la table. A la demande du secrétariat de la CBD, un groupe d'experts a planché pendant près d'un an.

"Pour effectuer cette évaluation, nous avons estimé le coût de toutes les opérations nécessaires pour atteindre les cibles d'Aichi, en les déclinant selon trois scénarios d'ambition", explique Gilles Kleitz, chef de projet Biodiversité-ressources naturelles à l'Agence française de développement, qui figure parmi les cinq experts. Les résultats, il le concède, "restent approximatifs".

L'exercice a été réalisé pour les 155 pays entrant dans le champ d'intervention du Fonds mondial pour l'environnement, principal instrument financier de la CBD. Le résultat, calculé pour la période 2014-2018, donne un ordre de grandeur du montant à investir dans les pays en développement : entre 74 milliards (scénario bas) et 191 milliards de dollars (scénario haut) – 57 milliards à 147 milliards d'euros. Soit, sur quatre ans, un budget trois à huit fois supérieur au financement que l'on estime aujourd'hui être consacré à la biodiversité par les bailleurs de fonds publics et le mécénat.

L'Inde, pays hôte de la conférence, et pour qui l'enjeu est d'obtenir un engagement financier des pays du Nord, a aussi fait travailler ses experts. Ils ont estimé le besoin à environ 100 milliards de dollars par an pour 192 pays.

"MARCHANDISATION" DU VIVANT

Si approximatifs soient-ils, ces chiffres vont servir de base de discussion. Face à un besoin d'une telle ampleur, quelle sera l'attitude des pays du Nord confrontés à une grave crise économique ? Les négociations menées depuis 2009 pour constituer le Fonds vert pour le climat et le doter d'une somme assez comparable - 100 milliards de dollars à l'horizon 2020 - invitent à se garder de trop d'optimisme. Pour l'instant, face à des budgets publics exsangues et à une réflexion sur les mécanismes de financement innovant toujours timorée, aucune solution n'a été trouvée.

A Hyderabad, l'Union européenne pourrait toutefois proposer une augmentation annuelle de 10 % de son aide publique au développement (APD) consacrée à la biodiversité. Ce débat sur le volume des engagements financiers devrait être pimenté par une autre question : dans quelle proportion public-privé viendront ces fonds ?

Pour des raisons à la fois idéologiques et pragmatiques, les débats risquent d'être vifs autour de la notion de "marché" appliqué à la nature. Emmenés par le Venezuela et la Bolivie, plusieurs pays d'Amérique latine rassemblés dans l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) sont particulièrement hostiles aux mécanismes de financement par le marché qui conduisent, selon eux, à une "marchandisation" du vivant.

La Conférence d'Hyderabad sera aussi l'occasion de rappeler que la protection de la biodiversité, au-delà des processus de négociation internationaux, est étroitement liée au choix de nos modèles économiques. Comme le souligne Gilles Kleitz, "le coût de la conservation serait quasiment réduit à néant si nous adoptions globalement un modèle de développement durable".


© Le Monde - article original

 

Date de l'article : 09/10/2012

Auteur de l'article : Gert-Peter BRUCH

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