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Déforestation : une campagne de World Rainforest Movement interroge, le label FSC vanté par l'industrie du papier est-il vraiment éthique ?

Déforestation : une campagne de World Rainforest Movement interroge, le label FSC vanté par l'industrie du papier est-il vraiment éthique ?

Le label FSC est une certification censé garantir la gestion durable des forêts selon des principes rigoureusement identifiés. Les exploitants de bois d'Amazonie ou d'autres forêts tropicales se l'arrachent car, argument commercial de poids, il fait les choux gras de l'industrie du papier et de toute autre faisant appel au bois (ameublement, outillage, construction...). Il permet aussi de rassurer une clientèle avertie qui ne souhaite pas prendre part à la déforestation. Soutenu par Greenpeace et WWF, il est censé respecter le droit des peuples indigènes, la plantation, la conservation, l’impact environnemental, etc... Vrai de vrai ? Pas si sûr. Lisez cette lettre ouverte de World Rainforest Movement et surtout signez-là si vous en validez le contenu.

RÉSEAU ALERTE CONTRE LE DÉSERT VERT - BRÉSIL

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Lettre ouverte dénonçant la certification FSC de Fibria Aracruz Celulose S.A.

Destinataires :

  • FSC
  • IMAFLORA
  • Consommateurs de produits en papier portant le label FSC

Nous sommes des organisations, des mouvements sociaux et des activistes des États d’Espírito Santo et Bahía, où l’entreprise Fibria Celulose S.A. veut obtenir la certification du FSC ; nous sommes aussi des habitants du Brésil et du monde, qui voulons renforcer notre solidarité avec les luttes sociales et environnementales des populations touchées par les projets des entreprises de pâte et, en l’occurrence, par l’entreprise Fibria, ex-Aracruz Celulose.

Cette lettre a pour but de réagir contre un communiqué d’IMAFLORA (Institut de gestion et de certification forestière et agricole) envoyé par courrier électronique à plusieurs organisations et particuliers, où l’on affirme que l’institut mentionné conduit le processus de certification FSC sur la « gestion forestière » de l’entreprise Fibria Celulose S.A. L’organisation IMAFLORA a même annoncé qu’elle était en train d’organiser à ce sujet une consultation et trois audiences publiques qui auraient lieu en août de cette année à Espírito Santo et à l’Extrême Sud de Bahía.

Fibria Celulose S.A. est une société créée en 2009 par la fusion – financée avec des fonds publics de la BNDES (1) – des compagnies Votorantim Celulose e Papel et Aracruz Celulose S.A. À l’heure actuelle, Fibria est le premier exportateur de pâte d’eucalyptus du monde, et possède plus d’un million d’hectares de terres.

La zone que Fibria prétend faire certifier, d’après IMFLORA, est « l’unité Aracruz », d’une superficie de 355 000 hectares, mais l’institut n’indique ni le lieu où elle se trouve ni sa composition : elle ne dit pas, par exemple, combien d’hectares sont plantés d’eucalyptus, où ils se situent, quelles sont les communautés concernées, où il y a des conflits fonciers avec les communautés traditionnelles, où il y a des conflits de travail et des problèmes socio-écologiques. La société civile de ce vaste territoire n’a pas reçu les informations indispensables pour pouvoir participer de façon juste et démocratique au processus de certification.

D’autre part, le FSC ne nous inspire aucune confiance parce qu’il continue de nier les problèmes structurels dont il souffre depuis sa création. Le FSC continue de certifier des plantations industrielles d’arbres, qui se caractérisent par l’application intensive de fertilisants et de produits toxiques, y compris le roundup, dont le principe actif est le glyphosate (2) , et des produits contre les fourmis à base de sulfluramide (3) , dont les dangers sont de plus en plus évidents d’après plusieurs études scientifiques.

En outre, le FSC ne reconnaît toujours pas qu’il est très complexe de certifier des étendues aussi vastes que celle de Fibria. Cela se passe dans un pays où l’indice d’inégalité est une des plus élevés du monde, même en matière d’occupation des terres : 3,5 % des propriétaires contrôlent 56 % des terres, tandis que 40 % des propriétaires en occupent moins de 1 %. Les entreprises de plantation d’eucalyptus, et surtout Fibria, sont des exemples de cette tendance à la concentration. D’autre part, l’eucalyptus-pâte à papier fait partie du secteur agro-industriel qui prétend mettre fin à la réforme agraire, réduire les droits territoriaux des indigènes, des quilombolas et d’autres peuples traditionnels, et démanteler le code forestier.

Pour ces raisons, nous ne pouvons pas accepter qu’une entreprise de ce genre obtienne pour ces produits un label qui affirme qu’ils proviennent d’une « gestion » socialement juste, appropriée pour l’environnement et économiquement viable. Le fait de continuer à certifier et, par là, à légitimer ce système limite et retarde l’adoption de méthodes de production agricole plus viables, démocratiques et humaines, basées sur la souveraineté alimentaire et sur l’agro-écologie, et avantageuses pour les communautés rurales. En outre, la certification d’entreprises telles que Fibria retarde la possibilité d’introduire une autre méthode de production de papier, qui soit décentralisée, qui utilise des fibres différentes comme matière première, et qui produise la quantité de papier nécessaire au bien-être de la société, sans qu’il soit nécessaire de faire des plantations à grande échelle pour satisfaire la demande excessive et illimitée de papier jetable. Cette consommation excessive a toujours été encouragée par les producteurs de pâte à papier, et le FSC renforce cette tendance.

La zone que Fibria prétend faire certifier semble correspondre exactement à celle de l’ex-Aracruz Celulose, une entreprise marquée par quatre décennies d’atteintes sociales, économiques, écologiques et culturelles, avec la complicité de l’État, contre les populations paysannes, indigènes et quilombolas. C’est elle qui, en 2006, a démoli avec ses tracteurs les maisons et même les lieux de culte de deux villages des indigènes Tupiniquins et Guaranis. C’est elle qui, la même année, a conçu et mis en œuvre une campagne raciste de discrimination contre les indigènes, avec des conséquences que ces communautés subiront pendant longtemps. Elle a été responsable, en coordination avec une énorme opération policière, de la persécution et de l’attaque de la communauté quilombola de São Domingos en 2009, où une quarantaine d’habitants ont été arrêtés et accusés d’avoir « volé du bois » dans leurs propres territoires. Cette entreprise a une histoire de négligence à l’égard de ses anciens travailleurs. Ces atrocités et d’autres encore que l’actuelle Fibria a commises ont été abondamment documentées par des témoins locaux, dans des livres, des vidéos, des thèses et des dissertations et même avec des photos, dans des documents de divers genres, académiques, interdisciplinaires, techniques, journalistiques et artistiques.(4) IMAFLORA ne peut pas sous-estimer ce corpus textuel et empirique qui reflète l’épouvantable réputation de l’entreprise aux yeux de la société locale, régionale et internationale. Le fait de lui attribuer un label soi-disant « vert » et « durable » n’est qu’un nouvel exemple des méfaits de la certification.

Fibria continue de violer les droits territoriaux des communautés quilombolas du nord d’Espírito Santo, bien qu’il existe plusieurs études concernant l’identification de leurs territoires publiés au cours des 7-8 dernières années. L’État (5) (et, extra-officiellement, l’entreprise elle-même) a déjà reconnu que Fibria avait occupé des terres domaniales (6) . Malgré cela, les actions juridiques intentées par l’entreprise sont le principal obstacle aux démarches de régularisation agraire des territoires quilombolas. L’entreprise encourage même une campagne raciste par le biais de ses alliés – les propriétaires ruraux organisés dans le Mouvement Paix à la Campagne (MPC), une sorte d’UDR (7) régionale – pour s’opposer à la démarcation de ces territoires. Pendant ce temps, la disparition des fleuves et des ruisseaux au milieu des plantations d’eucalyptus soumet les communautés à une grave pénurie d’eau qui touche directement leur sécurité alimentaire, comme l’ont reconnu le Comité de la sécurité alimentaire et la Commission des droits de l’homme sur le droit à une alimentation appropriée.

Le FSC nie que l’État soit l’otage de Fibria grâce aux fonds considérables que l’entreprise apporte au financement des campagnes électorales des gouverneurs fédéraux et de ceux des États d’Espírito Santo et de Bahía. Cela explique pourquoi les organes étatiques de l’environnement, et même le Ministère public, font ce que les entreprises leur demandent de faire (bien que quelques fonctionnaires luttent pour la justice sociale et environnementale). À Espírito Santo, par exemple, l’ex-Aracruz a enfreint la législation environnementale de diverses façons, en détournant des fleuves et en manipulant le processus d’octroi de permis, afin de s’assurer de disposer de l’eau nécessaire pour la consommation exorbitante de son complexe producteur de pâte à papier. À Bahía a été instaurée la pratique des accords dénommés Termes d’ajustement de conduite (TAC) (8) , comme celui qui a été proposé en 2011 par le Ministère public étatique (9) à Teixeira de Freitas, en association avec Fibria et avec l’entreprise Suzano. Cet accord libère les entreprises des amendes qui leur ont été appliquées au fil des ans par les organes étatiques de surveillance environnementale suite aux plaintes concernant la dégradation qu’elles ont causée. Il les libère aussi des procès intentés contre elles pour la même raison par des organisations non gouvernementales et des mouvements sociaux. Très probablement, ce TAC aidera Fibria à obtenir le « label vert » du FSC. Pendant ce temps, les communautés traditionnelles qui n’ont pas pu continuer à exploiter leurs propriétés parce qu’elles étaient encerclées de plantations d’eucalyptus n’ont toujours aucun appui des gouvernements étatiques et fédéral et manquent de l’eau nécessaire à la production, puisque les ruisseaux, les fleuves et les lacs naturels se sont asséchés.

Nous soulignons que nous n’avons aucune raison de répondre à la convocation d’IMAFLORA ni de participer aux « audiences publiques » prévues, parce que nous ne pensons pas que notre participation puisse influer sur le résultat du processus. L’expérience à Bahía avec l’entreprise Veracel Celulose S.A., dont les plantations d’eucalyptus de presque 100 000 hectares ont été certifiées par le FSC en 2008, a été assez concluante. Cette entreprise, propriété de Fibria (50 %) et de la multinationale suédo-finnoise Stora Enso (50 %), a obtenu le label en dépit des problèmes pendant le processus et des divers impacts qu’elle avait causés (10) . Le FSC lui-même a reconnu qu’une évaluation avait été erronée, et pourtant, Veracel maintient encore aujourd’hui son label. Sans connaître la réalité, les défenseurs du FSC dans les centres de consommation de papier ont essayé de vendre au monde la certitude que Veracel avait résolu tous ses problèmes et que le FSC « marchait ». Le seul résulta concret a été que, d’après le FSC, la SGS (la société de certification de Veracel) a décidé de ne plus faire de certifications de gestion des forêts ou des plantations au Brésil ; c’est la raison pour laquelle Veracel a engagé IMAFLORA pour garantir son label. Signalons que Veracel prétend maintenant doubler la superficie de ses plantations, et que le processus d’obtention des permis nécessaires fait l’objet d’un procès en raison des irrégularités dont il est rempli [voir la lettre de dénonciation sur www.wrm.org.uy/paises/Brasil/ampliacao_da_Veracel.html, et aussi les chapitres sur le secteur de la pâte à papier dans le nouveau livre du journaliste Lúcio Vaz, intitulé Sanguessugas do Brasil (Les sangsues du Brésil), http://www1.folha.uol.com.br/livrariadafolha/1065017-geracao-editorial-anuncia-novo-livro-com-escandalos-de-corrupcao.shtml].

En outre, IMAFLORA est impliquée dans une autre initiative de Veracel qui concerne l’élargissement de ses surfaces certifiées, et elle a annoncé qu’elle se chargera de la certification d’un groupe de sous-traitants de l’entreprise (11) . D’après IMAFLORA, il s’agit de 21 000 hectares et cette société entend faire son inspection à Bahía en septembre 2012, en dépit de nombreuses irrégularités et illégalités, comme l’absence d’un permis environnemental et de réserve légale pour la zone en question (12) .

Une seule conclusion s’impose : la certification continue d’avancer parce que c’est une bonne affaire, qui intéresse autant le FSC que les entreprises du secteur papetier. Sans aucun souci de justice sociale et environnementale, ils cherchent tous à renforcer leur légitimité et leur hégémonie, pour élargir leurs affaires basées sur l’exploitation de la nature, sur l’empoisonnement des êtres humains et de l’environnement, sur le non-respect des communautés locales et de la vie de la planète. Des affaires et des profits à n’importe quel prix !

Pour tout ce qui précède, nous nous opposons à ce que l’IMAFLORA et le FSC appellent la « gestion forestière » de Fibria, en rappelant que les plantations d’arbres ne sont pas des forêts et qu’il n’existe donc pas de « gestion forestière » d’une plantation industrielle d’eucalyptus. Nous manifestons notre INDIGNATION et notre OPPOSITION à ce « maquillage vert », œuvre du FSC et de ses associés, destiné à tromper, une fois de plus, les consommateurs.

Signataires :

Organisations et mouvements sociaux :

ARES – Associação para o Resgate Social
Associação dos Professores Licenciados do Estado da Bahia – Delegacia de Eunápolis
Associação dos Advogados dos Trabalhadores Rurais – AATR
Associação dos Geógrafos Brasileiros GT Ambiente AGB
Bicuda Ecológica
CUT - Bahia - Regional Extremo Sul
Centro de Estudos e Ação Social - CEAS
CIMI
Cine Clube Deserto Verde
Centro de Desenvolvimento Agroecológico do Extremo Sul da Bahia – TERRA VIVA
CEPEDES
CETA - Movimento de Trabalhadores Assentados, Acampados e Quilombolas da Bahia
Comissão Quilombola Sapê do Norte
Coordenação Estadual de Quilombos do Estado do ES – Zacimba Gaba
CPT - Comissão Pastoral da Terra
Espaço Cultural da Paz
FUNPAJ – Fundação Padre José Koopmans
FASE
MLT – Movimento de Luta pela Terra
Sindicato dos Trabalhadores Rurais de Itanhém
Sindicato dos Trabalhadores Rurais de Ibirapuã
SINTOSTEB – Sindicato os Trabalhadores de Hotéis, Bares e restaurante do Extremo Sul
Sindicato dos Bancários do Extremo Sul da Bahia
WRM

Signataires individuels

Ricardo Salles de Sá – Cinéaste
Marilda Telles Maracci – Géographe
João Batista da Silva 
Maria Paula de Oliveira Bonatto - Fundação Oswaldo Cruz
Marina de Castro Schwab

1 - Banque nationale de développement économique et social.

2 - HARDELL, Lennart; ERIKSSON, Miikael. A case-control study of non-Hodgkin lymphoma and exposure to pesticides. Cancer, Lund, N.º 85, p. 1353-1360, 15 mars 1999, http://www.espacoacademico.com.br/051/51andrioli.htm.

3 - Documento técnico sobre os impactos da Sulfluramida e do Sulfonato de Perfluorooctano (PFOS) sobre a saúde humana e ambiental, Fondation Osvaldo Cruz, http://www2.camara.gov.br/atividade-legislativa/comissoes/comissoes-permanentes/capadr/audiencias-2009/rap140409zuleica.pdf.

4 - Au cas où l’histoire aurait de l’importance pour le FSC et pour IMAFLORA, les témoignages et la bibliographie à consulter ne manqueront pas : par exemple, le rapport “Estudo e Relatório de Impactos em Direitos Humanos de grandes projetos (EIDH/RIDH): el caso del monocultivo de eucalipto a gran escala en el Norte do Espírito Santo”, rédigé en 2010 par le Mouvement national pour les droits de l’homme et le Centre pour la défense des droits de l’homme de La Sierra. Une autre publication récente est le livre “Aracruz Credo: 40 años de violaciones y resistencia en ES”, produit en 2011 par Rede Alerta et Rede Brasil, sur les institutions financières multilatérales. Sur le même thème, le livre “Além do Eucalipto: O papel do Extremo Sul”, rédigé en 2005 par le pêre José Koopmans, et la brochure “Dez Respostas a Dez Mentiras”, basée sur le document de Ricardo Carrere du WRM-Uruguay et publiée en 2010 par la Fundação Padre José Koopmans, disponibles sur la page Web de CEPEDES, Eunápolis, et PUNPAJ, à Teixeira de Freitas, Bahía. Et encore les deux rapports sur la violation des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux, “H2O para celulose, água para muitas línguas”, publiés par FASE et Rede Alerta, et le rapport de la Mission Quilombola de la Commission des droits de l’homme à une alimentation adéquate, associée au Conseil national de sécurité alimentaire. À cela s’ajoutent de nombreux articles, thèses de doctorat et mémoires produits dans le cadre des programmes d’études de troisième cycle de diverses universités.

5 - Par l’intermédiaire de l’Instituto Nacional de Colonização e Reforma Agrária (INCRA) et de l’Instituto de Defesa Agropecuária (IDAF).

6 - Terres qui appartiennent à l’État et qui ne peuvent pas être occupées par des entreprises privées.

7 - Organisation ultraconservatrice, constituée par de grands propriétaires terriens qui ont utilisé la violence contre les mouvements qui luttent pour la réforme agraire au Brésil.

8 - Termo de Ajustamento de Conduta.

9 - Par la Promotoría Regional Costa das Balejas.

10 - Ces impacts sont décrits dans le rapport “Violações socioambientais promovidas pela Veracel Celulose, propriedade da Stora Enso e Aracruz Celulose (atual Fibria)”, publié par CEPEDES en 2008.

11 - Il s’agit de ceux qui plantent sur leurs terres des eucalyptus pour l’entreprise, suivant les termes d’un contrat qui les oblige à vendre leurs arbres à Veracel ; il s’agit donc d’une zone où Veracel a sous-traité la production.

12 - D’après une étude du ministère de l’environnement de l’État de Bahia, 60 % des terres inspectées en 2009 n’avaient pas de Réserve Légale, et 15 % n’avaient même pas de surface prévue à cette fin. L’existence d’irrégularités est prouvée par le fait qu’une des localités où aura lieu le processus de certification, Itabela, a annulé en 2011, par décret municipal, tous les permis environnementaux. Il y a aussi des procès intentés contre Veracel Celulose, avec décision de 1e et 2e instance de la justice brésilienne contre l’entreprise.

 

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© Rainforest Worl Movement

Date de l'article : 19/09/2012

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