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Les Indiens mettent au pied du mur le ministre de la Justice et l’avocat général de l’Union

Les Indiens mettent au pied du mur le ministre de la Justice et l’avocat général de l’Union

Wilson Dias/ABr

Source : merciogomes.com
Le Chef Raoni et plus de 60 Indiens, parmi lesquels des Kayapó, Xavante, Fulniô, Terena ainsi que des représentants des associations indigènes, indigènistes de la Funai et des missionnaires du Cimi étaient présents dans l’auditorium du Ministère de la Justice, reçus par le ministre, José Eduardo Cardozo, et l’Avocat Général de l’Union,  Luís Inácio Adams.

Les Indiens ont parlé, et ont bien parlé. Le grand leader Raoni Metuktire s’est exprimé dans sa propre langue, ces propos étaient traduits par son neveu Megaron Txukarramãe. L’exposé de Raoni fut simple et objectif. Il veut la révocation du Décret 303, émis par l’AGU à l’insu de la Funai, des indigènistes et des Indiens eux-même. Ce décret restreint les droits indigènes déjà reconnus, les lois établies et les relations conviviales entre les Indiens et le Brésil. C’est une provocation faite aux Indiens, un recul politique pré-rondonien (le maréchal Rondon fut le premier indigèniste brésilien – NDT), et selon Dalmo Dallari, c’est anticonstitutionel.

L’avocat général de l’Union, M. Luís Inácio Adams, a fait un discours à la limite du pathétique. Il explica qu’il avait simplement réglementé la décision du STF prise lors de l’homologation de la Terre Indigène (TI) Raposa Serra do Sol. Il aurait établi une « officialisation légale » afin que les terres indigènes et les nouvelles démarcations aient une sécurité juridique. Personne n’a gobé son histoire, et il fut presque hué. Sa gène s’est traduite par sa couleur, son pas lent et sa mine surprise.

Adams a dû admettre, que dis-je, « confesser », qu’il avait rédigé ce décret sans consulter personne du gouvernement, ni le ministère de la justice ni la Funai, et encore moins les Indiens. Cela non plus, personne ne l’a cru. Quelqu’un est derrière tout ça, et il n’aurait pas publié quelque chose dont on parlait depuis des mois, et principalement ces derniers jours, sans les retouches du ministère de la justice, de la Funai et du secrétariat général du gouvernement. Mais ses propos ont été confirmés par le ministre Cardozo qui, en présence de tous, dit qu’il n’était même pas au courant de ce qui se passait. Autre épisode maladroit dans ce cirque ! L’idée que « toute la faute revient à l’AGU » fut défendue par le ministre et répercutée par la présidente de la Funai. Il était évident que tout le gouvernement faisait de l’AGU son bouc émissaire pour la conception de ce décret ainsi que pour sa publication audacieuse et prématurée. Naturellement, Luís Inácio Adams a dû avaler cela. Il aura difficilement, avec un tel niveau de passivité, le poids politique pour être indiqué au STF, comme cela se produit généralement avec les avocats généraux.

Les Indiens liés aux associations indigènes, sous la protection de l’Apib, ont eux aussi parlé d’une seule voix. Cet unisson car leur discours est appris auprès du Cimi et d’autres ONG. Il n’a pas les subtilités éthniques des leaders traditionels qui s’expriment en fonction de leurs vécus, faisant des fautes de concordance des temps ici ou là, mais parlant avec une intrépidité naturelle. Bien différent des propos des Indiens Kayapó et Xavante par exemple. Dans leurs discours, ils sont violemment, irréductiblement et sans appel contre le décret 303. Ils déclarèrent n’accepter de participer à nouveau au CNPI que lorsque le décret serait révoqué. Voyons, je me souviens que, l’année dernière, lorsque le président de la Funai d’alors leur a posé un lapin, ils déclarèrent ne revenir au CNPI que lorsqu’ils seraient reçus en audience par Dilma Rousseff. Ils n’ont jamais eu droit à cette audience, mais revinrent au CNPI cette année, à la demande et sous la supervision de la présidente de la Funai Marta Azevedo. Le CNPI est d’ailleurs vu comme un outil qui soutient les décisions du gouvernement, comme par exemple la restructuration de la Funai ou la création d’un groupe de contrôle des terres indigènes, le PNGATI.

Je prends la liberté de critiquer le discours des Indiens des associations car ils ont besoin de se soustraire à la tutelle des ONG et du Cimi. Ils omirent de soutenir leurs confrères en 2010 lors des protestations contre le décret 7056, l’horrible destructuration de la Funai, car ils étaient pris dans la cage idéologique des ONG qui étaient en faveur de la destructuration de la Funai.

Qu’ils profitent de cette nouvelle occasion, radicale en divers aspects et cruciale pour la survie de la Funai en tant qu’organisme d’assistance aux Indiens, pour se libérer de cette tutelle. C’est une tutelle apparemment fidèle, déterminée, radicale, mais qui a son propre agenda et ses propres desseins. Ils élaborent un discours enflammé contre le gouvernement, alors qu’en coulisse ils négocient déjà la révocation du décret avec les gens du secrétariat du gouvernement et le l’AGU elle même. Ténébreuses transactions...

La réception offerte par ces ministres était une concession au mouvement indigène. Les Indiens traditionels, les Indiens des associations, les indigènistes de la Funai et les missionnaires du Cimi ont obtenu une victoire certaine. Finalement, l’avocat général admit qu’il réfléchirait au sujet de la révocation du décret 303. Il a parlé calmement et a profité de l’occasion pour dire que les propos de Raoni l’avient sensibilisé. Tout le monde veut tirer profit de Raoni !

Il est possible que le gouvernement soit en train de gagner du temps, en embobinant tout le monde pendant qu’il prépare un autre coup fourré. Cependant, le gouvernement a perçu la force de ce mouvement indigèniste. Il les a tous reçus car il n’avait pas d’autre alternative. La sauce du camp opposé prenait un peu trop pour son goût.
Révoquer ou inventer un autre coup fourré, une autre action qui nous rendra tous furieux tout en continuant à faire la pluie et le beau temps de manière insensée sur la question indigène ?

Je crois qu’il va révoquer et négocier la question de la restructuration. De cette façon, il divisera le mouvement indigèniste actuel, car le Cimi ne s’intéresse pas à la restructuration de la Funai, et en cela il est en accord avec les ONG qui conçurent ce projet. Détruire ou faire oublier l’histoire du SPI et de la Funai est un des grands objectifs de ceux qui pratiquent un indigènisme anti-rondonien dans l’actualité. Il y a là, sur ce front, plus de gens que ceux qui luttent en ce moment. Sur ce sujet, ils sont d’accord avec les grands fermiers.

Lá est toute la question. La lutte pour l’autonomie du mouvement indigène, pour l’accès des Indiens à la Funai et au panorama politico-culturel brésilien va se poursuivre. La victoire d’aujourd’hui, dans l’auditorium du ministère de la justice, n’est qu’une bataille.

© marciogomes.com / traduction : Chico Libri

Date de l'article : 24/08/2012

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