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Dilma Rousseff, dernier recours pour l'Amazonie

Dilma Rousseff, dernier recours pour l'Amazonie

Des plantations au milieu de la forêt amazonienne, dans l'Etat du Mato Grosso, fin 2011. (Photo Paulo Whitaker. Reuters)

Source : Liberation (www.liberation.fr)
La présidente brésilienne a jusqu'à vendredi soir pour s'opposer à un texte qui ouvre la voie à davantage de déforestation.
Dilma Rousseff va-t-elle sacrifier la forêt brésilienne à l'expansion agricole ? C'est peu ou prou en ces termes que se présente le dilemme posé à la présidente brésilienne. Elle a jusqu'à ce vendredi pour poser son veto à une loi, passée il y a un mois au Parlement brésilien, qui ouvre la voie à davantage de déforestation.

Le texte, adopté par les députés le 25 avril, modifie le code forestier de 1965. L’ancien texte obligeait les propriétaires terriens à conserver intacte une partie des forêts, jusqu'à 80% dans certains Etats comme l'Amazonas, et à reboiser certaines parcelles. Etaient en particulier protégées les zones proches des fleuves, les sommets et les coteaux des collines, dont le boisement est essentiel pour contrer l'érosion. Contraignant, le code actuel est en réalité peu appliqué, nuance Sébastien Marchand, chercheur en économie du développement et de l'environnement à l'université fédérale de Viçosa : «L’obligation de replanter les arbres pour certains fermiers (essentiellement les plus petits, ceux qui défrichent le plus !) n’est pas appliquée. Aujourd’hui, la lutte porte sur la protection des zones vierges et non pas sur l’obligation de reboiser les zones défrichées.»

Que change la nouvelle législation ? D'abord, elle réduit la surface de ces zones dites de protection permanente (rives, pentes). Autrement dit, les fermiers pourront y défricher pour étendre leur exploitation plus près des cours d'eau (jusqu'à 15 mètres, contre 30 auparavant). «On estime à plus de 70 millions d'hectares la surface de ces nouvelles terres qui deviendraient alors ouvertes à la conversion agricole», chiffre Jean-Baptiste Roelens, chargé du programme Forêts tropicales et Climat chez WWF France.

Ensuite, la réforme amnistie les auteurs de coupes illégales d’arbres. Enfin, elle autorise l’installation de fermes dans les zones défrichées avant juillet 2008 et la fin partielle de l’obligation de reboiser les zones déforestées.

Une catastrophe, pour les défenseurs de l'environnement, engagés depuis plusieurs années dans un bras de fer avec le lobby agricole, porteur de la réforme. Ce secteur particulièrement puissant au Brésil, qui produit en grande quantité soja (la France en est le 3e importateur) et viande, est incarné par les «ruralistas», les grands agriculteurs et éleveurs, qui réclament plus de terres et moins d’obligations de reboisement.

Sorties perdantes de la bataille législative, les organisations écologistes entendent remporter la guerre. Depuis un mois, elle font monter la pression pour exhorter Dilma Rousseff à s’interposer par veto. Le calendrier joue pour elles : à un mois du sommet Rio+20 sur le développement durable, dont le Brésil est le pays hôte, un revirement du gouvernement sur la déforestation ferait désordre. D'autant que, dans la lignée de l'ancien président Lula, Dilma Rousseff avait fait de la protection des forêts un thème de sa campagne.

«Le signal serait d'autant plus désastreux que le Brésil a fait de réels efforts ces dernières années», rappelle Jean-Baptiste Roelens, de WWF France. «Cette politique volontariste, articulée autour d'incitations économiques au reboisement et de l'intensification des contrôles, grâce à des moyens satellites, a porté ses fruits. Entre 2006 et 2010 la déforestation a significativement baissé.» Jusqu'à 80% dans certaines zones.
Veillée

Surtout, le Brésil a confirmé son engagement sur cette voie en 2009, en promettant réduire de 36 % ses émissions de CO2 d’ici à 2020. Or, près des deux tiers de cette baisse devraient provenir d’une réduction de la déforestation de l’Amazonie et de la région du Cerrado. Aussi, résume Sébastien Marchand depuis le Brésil, «la réponse de la présidente est très attendue et un non-veto de sa part serait ressenti, ici, comme une vraie trahison».

D'où l'écho qu'a trouvé dans la société civile la mobilisation, coordonnée autour du mot d'ordre «Veta tuto, Dilma» («veto total, Dilma» - #VetaTudoDilma, sur Twitter) par le Comité Brésil de défense des forêts et du développement durable. Parmi les têtes de proue, Marina Silva, ex-ministre de l’environnement et ex-candidate écologiste à la présidentielle. L’organisation Avaaz, qui s’est fait une spécialité des campagnes de mobilisation sur le Web, a remis au gouvernement brésilien la pétition signée à ce jour par plus de deux millions de personnes pour «arrêter le massacre à la tronçonneuse en Amazonie». La nuit dernière, une veillée s'est tenue devant le palais présidentiel à Brasília, dans l’attente de la décision de la présidente. Qui pourrait couper la poire en deux en posant un veto à une partie seulement des dispositions de nouveau texte, l'amnistie par exemple.

© Liberation.fr / Cordelia Bonal

Date de l'article : 29/05/2012

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