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Amazonie. Une fillette brûlée vive à cause d'un conflit ethnique?

Amazonie. Une fillette brûlée vive à cause d'un conflit ethnique?

Des membres de la tribu des Awá-Gwajá. | Photo Reuters

Source : parismatch.com
Une fillette de 8 ans, appartenant à l'ethnie indienne des Awá-Gwajá, aurait été brûlée vive par des bûcherons qui essayent de les chasser de la région du Maranhão, dans le Nord-Est du Brésil. Grâce au travail acharné des blogueurs et ONG, l'affaire commence à s'ébruiter et les autorités se sont décidées à enquêter.

En octobre dernier, une petite Indienne de 8 ans a été retrouvée morte, le corps carbonisé, dans un campement abandonné de la commune d'Arame, dans l’Etat du Maranhão (nord-est du Brési. D’après Rogério Tomaz, du «Correio do Brasil», elle aurait été brûlée vive par des bûcherons, dans le cadre de la lutte qu’ils mènent contre la tribu des Awá-Gwajá, qui vivent dans la réserve d'Araribóia, l'une des plus anciennes réserves du Pays. Alors qu’elle s’était éloignée des siens en jouant, la petite fille aurait été attrapée, attachée à un arbre, et aspergée de liquide inflammable, avant de périr dans d’atroces souffrances. Luis Carlos Guajajaras, un leader indien local d'une autre tribu protégée par la réserve, les Guajajaras, a confirmé l’histoire de la fillette auprès de l’association Survival International.Egalement interviewé par «Brazil's Terra», il a raconté: «c’était la première fois qu’elle voyait des hommes blancs». Ils ont «fait ça par pure cruauté». «Nous les avons entendus rire alors qu’elle hurlait.»

Le journaliste et blogueur qui a le premier révélé l’affaire, déplore le silence des autorités et des médias sur le sujet. La Fondation nationale de l'Indien (Funai, qui dépend du Gouvernement fédéral brésilien) a été informée des faits en novembre, mais aucune enquête n'a été demandée par les autorités. Elle a toutefois mené sa propre enquête, dont le rapport a été publié mardi. Ce dernier conclu à une «rumeur infondée, un mensonge.» Il pointe du doigt «l'action des profiteurs sans scrupules qui se sont précipités pour essayer de légitimer le mensonge», et déplore que «la société brésilienne ait été si odieusement trompé. En conclusion, l’agence «s'engage à répondre aux demandes des indigènes du Maranhão» et à tout faire pour «changer le climat actuel» entre les indigènes et le reste de la population. Mais Rogério Tomaz est convaincu de la collusion entre les fonctionnaires de la Funai d'Arame et les agriculteurs et forestiers locaux.

Une enquête sur les assassinats d’enfants indiens dans le Maranhão

«Si demain ou après un Indien donnait une gifle à un agriculteur ou un bûcheron, les journaux, magazines, radios, chaînes de télévision et portails s’empresseraient de dénoncer la sauvagerie des tribus non-civilisés et la menace qu'ils représentent pour la population la démocratie, s’agace Rogério Tomaz. Mais cela n'arrivera pas.» Le lendemain, il se réjouissait sur son blog d’un autre rebondissement dans cette affaire qui enflamme la blogosphère*: le ministère public a décidé d’ouvrir une enquête sur les assassinats d’enfants indiens dans le Maranhão.

L'organisation Survival International estime qu’une soixantaine d'Awá isolés vivent dans cette partie du nord-est de l'Amazonie brésilienne. Malgré l’abondance d’ethnies indiennes au Brésil –dont les Guajajaras, mais aussi des Guaranís ou encore des Pataxós) les Awá sont l’une des derniers peuples nomades qui vit encore de la chasse et de la pêche dans pays. Ils se déplacent d’ailleurs à mesure que leurs forêts sont envahies par les bûcherons, agriculteurs, ou encore même colons et éleveurs de bétail. «Les Awá isolés de la région subissent la pression constante des bûcherons. Leur présence est très dangereuse et les Indiens sont terrifiés», a témoigné Luis Carlos Guajajaras.

En 2007, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International mettait déjà en garde contre les incursions répétées de bûcherons illégaux dans cette région «depuis le début des années 1980». «Ces incursions ont créé de violents conflits avec les autochtones et d'importants dégâts environnementaux (déforestation, incendies de forêts et problèmes de drainage des eaux)», s’inquiétait l’ONG, précisant que 90% des terres guajajaras étaient alors «affectées par l'exploitation forestière, la chasse et les occupations de terrain, qui menacent les conditions d'existence des autochtones.» «L'État étant peu présent, voire absent, les bûcherons ont pu agir en toute impunité, en soudoyant parfois des autochtones afin de diviser les communautés, s’alarmait-elle encore. Les Guajajaras ont fait campagne pour la redéfinition de leurs terres, la protection des frontières de la réserve et l'expulsion des occupants illégaux.» Les chiffres officiels font état de quelque 800 000 indiens (0,4% de la population) au Brésil. Outre ces frictions avec les bûcherons et agriculteurs, plus de 2000 personnes ont récemment été délogées au Brésil en raison de travaux liés au Mondial de 2014 et aux jeux Olympiques de 2016, selon des ONG.

*Le réseau mondial de blogueurs Globel Voices a passé en revue les réactions de nombreux journalistes brésiliens.

© Marie Desnos - Parismatch.com

Date de l'article : 20/01/2012

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